Le procès de l’étudiante de Belleville s’ouvre demain 25 septembre 2012
Posted by Acturca in Istanbul.Tags: Sevim Sevimli
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Le Progrès (France) mardi 25 septembre 2012, p. Une-69A1
Lyon
Arrêtée et incarcérée le 10 mai pour ses liens supposés avec une organisation d’extrême-gauche interdite, Sevim Sevimli sera jugée à partir de demain. Libérée le mois dernier, l’étudiante franco-turque de 20 ans n’a pas le droit de sortir du pays. Elle risque jusqu’à douze ans de réclusion.
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L’étudiante lyonnaise accusée de terrorisme, jugée demain en Turquie
Rhône. La jeune femme, originaire de Belleville, espère d’abord obtenir des juges la levée de son interdiction de sortie du territoire turc. Son avocat veut croire, lui, à un rapide acquittement.
Une étudiante franco-turque qui a déjà passé trois mois en prison sera jugée à partir de mercredi en Turquie pour ses liens supposés avec une organisation interdite d’extrême gauche, un procès controversé qui illustre les dérives des lois anti-terroristes du pays.
Quelques jours avant son procès, Sevim Sevimli, 20 ans, peine encore à comprendre les raisons qui l’ont conduite derrière les barreaux et bientôt devant la cour d’assises de Bursa (nord ouest). Avec le risque d’écoper d’une peine maximale de douze ans de réclusion.
« J’espère que, dès la première audience, tout sera mis au clair, l’acte d’accusation est dénué de cohérence », juge la jeune femme dans un entretien téléphonique. « Je pense qu’au final, je serai tôt au tard acquittée », veut-elle croire.
Arrivée de Lyon au début de l’année à Eskisehir (nord-ouest), dans le cadre d’un échange universitaire européen, Sevim Sevimli a été arrêtée et incarcérée le 10 mai dernier. Après trois mois passés en prison, elle a finalement été remise en liberté sous contrôle judiciaire le mois dernier, avec interdiction de quitter le territoire turc jusqu’à son procès. Son crime présumé ? Ses liens avec une organisation d’extrême gauche proche de la cause kurde interdite en Turquie pour ses activités terroristes, le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). Auteur de nombreux attentats depuis la fin des années 1970, ce mouvement a encore fait parler de lui le 11 septembre en tuant un policier dans un commissariat d’Istanbul.
« Elle n’avait même pas entendu parler de l’organisation à laquelle on tente de la lier »
Plus précisément, la justice turque reproche à Sevim Sevimli d’avoir participé au défilé du 1er mai, pourtant tout à fait légal, sur la place Taksim à Istanbul, d’avoir manifesté en faveur de la gratuité de l’éducation en Turquie et d’avoir assisté, avec des milliers d’autres, au concert du groupe de musique folklorique engagé à gauche et traqué par la justice.
« C’est vraiment n’importe quoi », s’insurge la jeune Franco-Turque. « Quel crime a donc commis cette jeune femme pour qu’on la traite ainsi ? C’est difficile à comprendre », plaide lui aussi son avocat Me Sami Kahraman. « Avant d’entrer en prison, cette fille n’avait même pas entendu parler de l’organisation à laquelle on tente de la lier », poursuit-il en exhortant la justice turque à ne pas « gâcher » la vie de sa cliente, venue dans le pays de ses parents, d’origine kurde, dans le seul but de connaître sa culture d’origine. Le cas de la jeune fille a suscité un élan de mobilisation inédit en France, où la pétition ouverte par son comité de soutien a déjà recueilli 120 000 signatures.
A la veille de son procès, Sevim Sevimli espère d’abord obtenir des juges la levée de son interdiction de sortie du territoire turc. « Je suis inscrite dans un programme de maîtrise et je veux rentrer en France », insiste-t-elle.
Me Kahraman veut croire, lui, à un rapide acquittement. Même s’il sait que les procès liés au terrorisme peuvent se prolonger des années en Turquie.
Le soutien du président de Lyon 2
Le président de l’université Lumière Lyon 2, Jean-Luc Mayaud, a apporté hier son soutien à Sevim Sevimil. Etudiante en licence information-communication à l’université Lyon-2, elle avait été arrêtée alors qu’elle participait à un échange européen Erasmus.
Le président de Lyon 2 tient « à la veille de l’ouverture de son procès » à « témoigner de l’exemplarité du parcours d’études poursuivi par Sevil Sevimli ». Il estime « légitime qu’une étudiante se destinant au journalisme cherche à nourrir son travail en confrontant des idées, des opinions qui traversent la société».
« C’est pourquoi je ne comprends pas que l’on puisse assimiler ce type de démarche à des actes répréhensibles, qualifiés de criminels », ajoute M. Mayaud qui se dit « choqué qu’une telle accusation soit portée à l’encontre de Sevil Sevimli ».
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