Y a-t-il un risque d’escalade ? 5 octobre 2012
Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie, USA / Etats-Unis.Tags: Conflits, OTAN, Syrie
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Le Parisien (France) vendredi 5 octobre 2012, p. 10
Frédéric Gerschel
Il ne faut pas chatouiller la Turquie. Alors que les échanges de tirs ont cessé entre les deux voisins, la question d’une intervention terrestre en territoire syrien pour protéger la frontière se posera peut-être en cas de nouvelle « agression » du régime de Bachar al-Assad. Mais pour l’heure il n’en est pas question. La population y est largement hostile. Le risque d’escalade semble dès lors limité, voici pourquoi.
La puissance de l’armée turque. Militairement il n’y a pas photo entre la Turquie et la Syrie. « L’armée turque ferait une bouchée du régime de Damas si elle le décidait », assure un expert des questions de défense à Paris. Avec un budget d’environ 15 Mds€, du matériel moderne et un effectif considérable (voir infographie) Ankara a les moyens de faire plier les divisions syriennes, équipées de matériel souvent vieillot et épuisées par dix-huit mois de guerre civile. Mais le feu vert donné hier par le Parlement turc au gouvernement pour mener des opérations militaires vise surtout à dissuader le régime de Damas et éviter une escalade. Du reste la Syrie a rapidement présenté ses excuses. Signe qu’elle craint son voisin.
Le poids des 100000 réfugiés. Dans un premier temps, la Turquie n’a pas dit grand-chose contre la répression en Syrie. Mais, au fil des mois, la classe politique, et notamment le parti au pouvoir (AKP), a haussé le ton contre les massacres à répétition à Homs, Alep et dans les autres régions de la Syrie bombardées par l’aviation et l’artillerie. Surtout, la Turquie a vu se déverser un flot de réfugiés sur son territoire. Ils sont désormais 100000 répartis dans 13 camps et si la guerre dure, ce chiffre ne cessera de grimper.
« C’est un poids humain et économique difficile à supporter », reconnaît le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a visité, cet été, un centre d’accueil. Alors que faire? Ankara souhaitait l’instauration de zones protégées à l’intérieur du territoire syrien pour réinstaller progressivement les réfugiés sur leur sol. Une solution impossible à mettre en œuvre sans entrer en guerre contre Damas. « Or, il n’y a pas de consensus international sur la question », rappelle Karim Emile Bitar, chercheur à l’Iris. La Turquie se contente pour l’instant de fournir des armes à la rébellion. Et de lui servir de base arrière.
La frilosité de l’Otan. A la demande de la Turquie, les ambassadeurs de l’Otan se sont réunis en urgence mercredi soir à Bruxelles. Ils ont certes condamné la Syrie, mais n’ont pas voulu aller plus loin. Ce qui a déçu les opposants au régime. La Turquie fait partie de l’Otan or, en théorie, l’article 5 du traité de l’Atlantique nord suppose que si un membre est attaqué, tous les autres membres le sont aussi. Mais personne n’a évoqué cette clause. En réalité, la communauté internationale n’est pas prête à se lancer dans un conflit contre la Syrie. La Chine, et surtout la Russie, continuent de tout bloquer à l’ONU et, aux Etats-Unis, la période électorale n’est pas propice à des décisions en matière de politique extérieure. A Paris, on redoute un conflit qui s’enlise. « Les rebelles ne peuvent pas faire plier militairement le régime, cela peut encore durer des mois et des mois », admet-on à l’Elysée. En attendant, la guerre civile y a déjà fait plus de 30000 morts.
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