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Yaprak dökümü : une recette enviée 25 octobre 2012

Posted by Acturca in Art-Culture, Economy / Economie, South East Europe / Europe du Sud-Est, Turkey / Turquie.
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Courrier international (France) no. 1147, jeudi 25 octobre 2012, p. 61

Radko Paunov, 24 Tchassa (Sofia)

Je ne suis pas fan des séries turques, mais je ne suis pas près d’oublier Yaprak dökümü [Quand tombent les feuilles, voir encadré]. De bons acteurs, une mise en scène habile, le choc de personnalités puissantes et contradictoires… C’est ce genre de production télévisée qui a permis à la Turquie de gagner, en 2011, 60 millions de dollars à l’export. On retrouve ces séries sur les petits écrans d’une bonne vingtaine de pays. On les regarde avec intérêt en Bulgarie, en Serbie, en Croatie, en Grèce, en Hongrie, en République tchèque et en Pologne ; mais aussi au Japon, à Singapour, en Thaïlande, en Indonésie ou au Vietnam.

N’importe quel peuple des Balkans ne peut qu’espérer remporter un tel succès. Prenons les séries que nous produisons en Bulgarie : si nos réalisateurs arrivaient à commercialiser ne serait-ce qu’une seule de leurs oeuvres dans un pays autre que la Bulgarie, ce serait déjà un motif de fierté nationale. Mais ils préfèrent se gausser des productions turques, qualifiant ces séries à l’eau de rose de « sirop du Bosphore ». Ils feraient pourtant mieux de s’en inspirer.

Il est clair pour nous tous que Yaprak dökümü, Ask i memnu [L’amour interdit] ou Gümüs [L’argent] ne sont pas uniquement des histoires de querelles familiales et de rivalités féminines. Ces séries sont un instrument de soft power, un élément de la politique d’influence de la Turquie, une facette de la diplomatie néo-ottomane du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Et on ne peut que constater le succès de cette opération; les acteurs des séries télévisées turques ont fait du très bon boulot. Les quelque 2 millions de Bulgares qui ont regardé Yaprak dökümü et suivi, durant 328 épisodes, les tribulations d’une famille provinciale à Istanbul sont en tout cas de cet avis.

La société bulgare regorge de tels sujets – pourquoi ne pas en avoir fait une série pour la vendre à un pays voisin comme la Grèce ? « Parce que les Grecs ne nous aiment pas – ils ne la regarderont jamais », rétorquent nos réalisateurs chevronnés. Sauf que cela n’a absolument pas empêché les Grecs de se passionner pour ces mêmes séries turques, produites pourtant dans le pays qui passe pour leur ennemi de toujours.

« Les films turcs ravivent des sentiments qui s’étaient un peu perdus ces dernières années dans notre société, analyse l’écrivain grec Nikos Heiladakis. Ils réveillent chez les Grecs d’aujourd’hui le sentiment de leur identité perdue. » On pourrait dire la même chose pour bon nombre de peuples des Balkans. Nos compatriotes, en Bulgarie, disent regarder ces séries parce qu’elles leur rappellent ce que devraient être les relations entre jeunes et personnes âgées. Elles éveillent la nostalgie d’une époque où les enfants avaient du respect pour leurs parents, et ce jusqu’à la fin de leurs jours. Autant de valeurs qui se perdent chez nous, comme ailleurs.

 

Yaprak dökümü

Drame

« Quand tombent les feuilles » est un autre feuilleton turc à succès dont la trame se situe à l’époque actuelle et qui aborde les drames internes d’une famille de la classe moyenne turque qui vient s’installer à Istanbul. La série est inspirée d’un roman publié en 1939 par l’écrivain et dramaturge Resat Nuri Güntekin (inédit en français). Une première adaptation avait déjà été réalisée par la télévision officielle (TRT) à la fin des années 1980. La deuxième version de la série, programmée entre 2005 et 2010 sur Kanal D, a également été diffusée en Bulgarie, en Serbie et en Bosnie-Herzégovine.

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