Ankara attend des signaux de Paris 22 novembre 2012
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Courrier international, no. 1151, jeudi 22 novembre 2012, p. 44 English
Barçin Yinanç, Hürriyet (Istanbul)
Je doute vraiment qu’un autre pays que la Turquie se soit autant réjoui de l’élection de François Hollande à la présidence de la République. Cet événement venait après la décision du Conseil constitutionnel français, en février, d’abroger la loi pénalisant la négation du génocide arménien.
Après les terribles années Sarko, une lueur est en train d’apparaître dans les relations bilatérales. La Turquie a levé les sanctions contre la France en juin, à l’issue d’un entretien entre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le nouveau président français. « On voit que M. Hollande a la volonté de régler les problèmes », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. A cette époque, Ankara ignorait les déclarations faites par François Hollande durant sa campagne sur sa volonté de faire remanier la loi de pénalisation en dépit de la décision des sages.
Rien ne permet de penser que M. Hollande ait discrètement informé M. Erdogan de son intention de ne pas honorer son engagement de campagne et de gagner du temps en disant aux Arméniens qu’il cherchait un moyen de court-circuiter la plus haute autorité juridique de l’Etat. Le gouvernement turc a pu penser que la décision du Conseil constitutionnel avait si bien enterré la loi de négation qu’on pouvait s’attendre à ce que M. Hollande fasse traîner les choses, et c’est pourquoi Ankara a décidé de lever les sanctions.
Cette décision visait aussi à encourager M. Hollande à ne pas réexaminer le problème arménien, ainsi qu’à inciter le président socialiste à lever le veto que son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, avait opposé aux négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’UE.
A vrai dire, la satisfaction retirée de la victoire électorale de M. Hollande venait davantage de l’espoir de voir la France lever son veto sur les cinq chapitres décisifs des négociations [agriculture ; politique économique et monétaire ; politique régionale ; dispositions financières et budgétaires ; institutions] que de celui de la voir adopter une position plus favorable à la Turquie au sujet du problème arménien. L’idée que l’équipe de M. Hollande était plus consciente de l’importance stratégique de la Turquie et moins fanatique dans ses objections à son entrée dans l’UE a naturellement conduit Ankara à penser que M. Hollande prendrait la décision de lever le veto.
Eh bien, cette décision n’est toujours pas venue ! Les Français disent qu’il aurait été inopportun de la prendre sous la présidence chypriote grecque [second semestre 2012]. C’est juste. Mais Ankara ne reçoit pas de messages rassurants de Paris disant qu’elle adviendra à la fin de ladite présidence.
Ce qui est clair, c’est que le climat des relations a changé. La campagne de dénigrement de la Turquie a pris fin ; le dialogue sur des questions régionales et internationales s’est nettement amélioré, avec notamment une intense coopération sur la crise syrienne. Mais il ne faut pas oublier qu’Ankara a déclaré au gouvernement Sarkozy que, tant que le veto serait en place, la France ne pourrait pas s’attendre à ce que les liens bilatéraux se développent comme si son adhésion à l’UE ne posait pas problème.
La situation actuelle n’est pas tenable : si la France ne se décide pas avant l’hiver, le « printemps hollandais » des relations bilatérales pourrait bien prendre fin.
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