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De la « turcomanie » 26 novembre 2012

Posted by Acturca in Art-Culture, Economy / Economie, Istanbul, Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
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Le Progrès Égyptien, 26 novembre 2012

Par Soha Gaafar

Les feuilletons turcs sont un succès tant national qu’international. Le Brad Pitt du Monde arabe est Turc. Avec son regard bleu azur et son corps sculptural, l’acteur Kivanc Tatlitug fait des ravages de Dubai au Maroc.

Dans la série télévisée « Noor », il joue le personnage de Mohannad.  Le taux d’audience qu’a enregistré « Noor » illustre le succès rencontré par les séries turques dans le Monde arabe et a ouvert la voie à ce que l’on peut qualifier de « turcomanie ». En 2010, le dernier épisode de « Nour » a été suivi  par 85 millions de téléspectateurs de la Syrie au Maroc. Bref, ce feuilleton, pur, produit par la Turquie laïque, apporte un bol d’air à ses millions de fans arabes.

Les aventures des deux amoureux stambouliotes Nour et Mohannad ont d’ailleurs vite débordé du petit écran pour se transformer en phénomène de société. Les prénoms Mohannad et Noor font florès. Les tee-shirts avec leurs portraits se vendent en quantités industrielles. Sur les forums de discussions, les jeunes femmes rêvent toutes d’un mari comme Mohannad. Mais il semble que les ardeurs suscitées par le beau jeune homme aient également semé la pagaille dans des couples : la presse arabe a même rapporté des cas de divorce et de répudiation de la part de maris jaloux.

« Soft power » de la diplomatie turque

Les télé-feuilletons turcs, qui ont envahi ces dernières années le Monde arabe, sont devenus le « soft power » de la diplomatie turque, qui fait la promotion de l’image de la Turquie et permet une entrée en devises importante, générée par les ventes de la production artistique turque.

Des séries célèbres, telles que « Siècle magnifique », « L’Amour interdit », « La Vallée des loups » ou « La Chute des feuilles », ont enregistré des taux d’audience jamais égalés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dépassant de loin les séries américaines, égyptiennes, syriennes et mexicaines, qui avaient la cote auparavant dans cette région. Ce genre de téléfilms a amplement contribué à promouvoir l’image de la Turquie et son influence à l’extérieur pour devenir le « soft power » de la diplomatie turque, occupée ces derniers mois par les nouveaux développements dans le Monde arabe, qui entame une phase de transition politique profonde où la Turquie semble ne pas vouloir rester un simple observateur des événements.

La riche production artistique turque caractérise l’essor que vit le paysage culturel de la Turquie, qui s’inscrit dans le sillage du progrès que connaît le pays dans plusieurs autres domaines, notamment économique, industriel, social.

D’aucuns n’hésitent pas à qualifier la montée en puissance de séries télévisées turques d’« arme secrète » du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a gagné en popularité ces dernières années notamment dans son voisinage arabe.

Le bonheur des producteurs turcs

Ce rapprochement culturel fait donc le bonheur des sociétés de production turques qui connaissent un fort développement ces dernières années. Selon des statistiques rendues publiques par le secteur, la Turquie a commercialisé, durant l’année en cours, plus de 100 télé-feuilletons dans 20 pays, ce qui a généré plus de 60 millions de dollars pour le pays.

Le Printemps arabe semble affecter les ventes des télé-feuilletons turcs, mais d’autres marchés commencent à ouvrir leurs portes à la production turque, comme les pays des Balkans et de l’Extrême-Orient, estime-t-il.

Avec cette percée notable essentiellement dans le Monde arabe, les téléfilms turcs contribuent à créer plus d’attachement entre la Turquie et les pays arabes et à renforcer la compréhension entre ces deux régions, qui se sont ignorées pendant plusieurs décennies, malgré les multiples liens qui les unissent.

Mais il n’est pas seulement limité à l’audimat, les produits portés par les personnages engendrent une commercialisation. S’habiller comme une star de série, ou avoir l’un de ses accessoires, montre une envie d’obtenir une identité. Et ce phénomène se développe de plus en plus. Ainsi l’anneau, porté par Hürrem (première favorite du sultan Soliman le Magnifique) dans la série « Les Harim du Sultan », est très recherché par les adolescentes qui s’identifient à leur héroïne de série.

Les touristes arabes sur les pas de Mohannad

Avec leurs héros glamours, leurs héroïnes émancipées et leurs décors de rêve, les séries télévisées turques diffusées dans le Monde arabe ont créé un engouement sans précédent pour la Turquie, qui voit affluer les touristes venus marcher sur les pas de leurs acteurs préférés.

Le propriétaire d’une agence de voyage turque a du mal à y croire : en l’espace d’un an, son agence, spécialisée sur le marché arabe, a doublé le nombre de ses clients. Et pour lui, il n’y a pas d’erreur possible, ce sont bien les feuilletons, à commencer par le désormais célèbre « Nour » et son héros Mohannad qui sont à l’origine de cet afflux. « Avant, on emmenait les touristes arabes visiter les mosquées d’Istanbul, on allait aux thermes de Bursa (l’ancienne Brousse, nord-ouest). Maintenant, plus personne ne veut y aller, aux cures thermales », raconte-t-il. « Tout le monde veut visiter les maisons où les séries ont été tournées, dîner dans le restaurant vu à la télé ».

Selon lui, une dizaine d’agences stambouliotes – sur la centaine travaillant avec le marché arabe – ont désormais inclus un passage sur un lieu de tournage dans leurs circuits. Les touristes les plus fortunés sont prêts à débourser jusqu’à 60 livres turques (28 euros, 40 dollars) pour pénétrer dans la villa ayant accueilli Nour et Mohannad, indique l’entrepreneur.

Une brève croisière sur un bateau transportant des touristes arabes le long du Bosphore est également révélatrice. Devant les palais ottomans de Dolmabahçe ou de Beylerbeyi, les passagers manifestent un intérêt poli. Mais quand le guide annonce un arrêt devant la villa où a été tourné « Nour », c’est la ruée vers les appareils photos et une explosion d’exclamations excitées. Auparavant, les Arabes ne connaissaient pas grand-chose de la Turquie, ils imaginaient un pays arriéré, plutôt sale, pas très évolué en comparaison de certains pays arabes. Mais quand ils ont vu dans les séries les images du Bosphore, ils ont eu envie de venir. Ça a été une vraie explosion.

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