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Istanbul, plaque tournante de l’art contemporain 30 novembre 2012

Posted by Acturca in Art-Culture, Istanbul, Turkey / Turquie.
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Les Echos, no. 21324, vendredi 30 novembre 2012, p. 35
Supplement ~ Marché de l’art

Judith Benhamou-Huet

La Turquie avec son boom économique est en passe de devenir une nouvelle plate-forme du marché de l’art contemporain.

Depuis deux ans, la Turquie n’a pas vraiment été touchée par la crise. D’ici peu, Istanbul sera considérée comme un paradis des collectionneurs. » C’est Ali Gureli qui parle, le directeur de la Foire Contemporary Istanbul qui se tenait la semaine dernière dans la métropole turque. Cet événement commercial a un mérite : présenter de manière quasi exhaustive l’offre turque avec un foisonnement de jeunes artistes talentueux et surveillé par le marché international. Les grandes fortunes stanbuliotes collectionnaient en priorité les vues du Bosphore et autres références orientalistes il y a dix ans. Aujourd’hui les lieux d’expositions privées se multiplient et les fortunes locales voyagent de foire en foire dans le monde.

Selon Ali Akay, sociologue et commissaire d’exposition vivant entre Paris et Istanbul, depuis trois ans une cinquantaine de galeries ont ouvert dans la capitale. Mais leur situation n’est pas facile. La tradition locale consiste en peinture et figuration. Cependant, la vogue planétaire pour l’art contemporain touche aussi ce pays. Curieusement, ce sont les banques locales qui se sont fait depuis les années 2000 les porte-voix de l’art contemporain. Elles n’ont pas investi dans l’achat d’œuvres, mais dans des lieux d’exposition et en aidant à la production. AKBank, SekerBank, GarantyBank ou Koç (avec sa filiale Koç Finans) ont des lieux consacrés à l’art actuel à Istanbul. Objectif : montrer un esprit d’avant-garde.

Aujourd’hui, plusieurs galeries d’Istanbul exposent dans les grandes foires du monde et voient leur offre « surveillée » par le marché international. Deux fois par an, Christie’s propose aussi, principalement à Dubaï, des artistes turcs achetés par des clients du monde entier. L’un des plus remarqués est Taner Ceylan (né en 1967), qui produit des photos réalistes dans un registre principalement homo-érotique. En octobre dernier à Istanbul, une de ses images a été vendue aux enchères pour l’équivalent de 106.000 euros et un « Autoportrait en Cendrillon » pour 56.000 à Londres le même mois. Il est désormais représenté par la gallery Paul Kasmin de New York et l’expert de Christie’s Londres, Leonie Moschner, admet que sa cote a augmenté depuis peu.

Le fait est que le monde de l’art oriente désormais son attention vers ce pays. Ainsi le Moma de New York vient d’acquérir auprès de la toute nouvelle galerie Rampa une œuvre d’un artiste conceptuel, Huseyin Bahri Alptekin (1957-2007). Son CV est impressionnant, de la Biennale de Venise jusqu’à la Tate Modern de Londres. Cependant, jusqu’à sa disparition, son « marché » était inexistant selon le directeur de Rampa, Ozan Canguven.

Acquisition du Moma

Rampa est aujourd’hui une des galeries très en vue d’Istanbul et son directeur n’était auparavant rien de moins que conservateur adjoint au très branché New Museum de New York. « Cela faisait cinquante ans qu’aucune œuvre turque n’avait été acquise par le Moma », remarque-t-il. A la Foire, Rampa exposait une pièce d’Alptekin qui reprend le principe des panneaux publicitaires des années 1980. Sur le panneau, les mots « Love Lace », qui peuvent prendre plusieurs significations, de l’amour de la dentelle à la référence au scientifique éponyme. Elle était à vendre pour 48.000 euros. En 2009, une œuvre du même proposée à Londres chez Sotheby’s n’avait pas trouvé preneur à 12.000 euros.

La France expose fréquemment un artiste franco-turc (1) de type conceptuel qui fait partie des « classiques » contemporains dans son pays d’origine, Sarkis (né en 1938). A Contemporary Istanbul, il était exposé par la galerie Mana (concept), dont la directrice, Mehves Ariburnu, est une ancienne « investment banker » à Londres reconvertie dans sa passion. L’art semble à plus d’un titre prometteur en Turquie.

(1) A Paris, il est défendu par la galerie Nathalie Obadia.

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