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Une Nuit de folie, une nuit rouge sang 18 décembre 2012

Posted by Acturca in France, Immigration.
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La Montagne (France) mardi 18 décembre 2012, p. Issoire-04

Bertrand Yvernault

L’affaire criminelle la plus retentissante des dix dernières années dans la Nièvre est actuellement jugée. Sur fond d’armes illégales, de racisme, d’inconscience.

Un jeune homme d’origine turque se voit refuser l’entrée d’une boîte de nuit de Garchizy, à côté de Nevers, le 30 avril 2006. C’est le point de départ d’une escalade de violence qui culmine, sur le plan pénal, avec des coups de feu tirés par les videurs. Et, sur le plan sociétal, avec plusieurs nuits d’émeute dans les banlieues de la préfecture nivernaise. Six ans et demi après, l’affaire vient enfin devant les assises.

L’instruction. Le parquet a justifié la durée d’instruction anormalement longue par la mutation et le non-remplacement de plusieurs juges. Les parties civiles ont longtemps craint que l’affaire soit étouffée. Depuis mercredi, elles peuvent enfin s’exprimer devant la justice.

Les victimes. Mehmet, 31 ans, a été blessé à une main. Murat, 31 ans, a été criblé de plombs au thorax. Plusieurs organes ont été touchés. Haydar, 32 ans, a été atteint à l’arrière du crâne. Il est plongé dans un état neurovégétatif irrémédiable. Il ressent tout, mais ne peut rien communiquer, décrivent ses proches.

Les accusés. Le portier, Wilfried Brément, 34 ans, et l’agent de sécurité, Pascal Lagandré, 40 ans, comparaissent pour tentative de meurtre. Le cogérant, Marc Bertin, 44 ans, est poursuivi pour complicité. Ce dernier reconnaît qu’il a sorti un fusil à pompe, acheté illégalement en Espagne, en réaction aux dégradations à l’extérieur de la boîte, principalement des jets de pierres et des coups de bâton sur les caméras de surveillance. Il explique qu’il était encore sous le choc du saccage, un an plus tôt, de son établissement.

Les munitions. Marc Bertin certifie qu’il a fourni seulement des cartouches de chevrotine de caoutchouc, non létales, aux vigiles. Mais, sur les six coups tirés ce soir-là, trois l’ont été avec de la chevrotine de plombs. Ce sont eux qui ont causé les blessures les plus graves. Le cogérant maintient néanmoins sa position depuis le début du procès.

Les tirs. Wilfried Brément raconte qu’il a fait feu quatre fois depuis un toit en tôle accessible par l’escalier extérieur de la discothèque. Pascal Lagandré décrit un tir depuis le milieu de cet escalier. Tous les deux assurent avoir orienté le canon vers le ciel, ce qui est incompatible avec les constatations. De même, en combinant leurs deux récits, il manque un tir.

L’expertise. La balistique prouve que le tir ayant blessé Murat provient du toit, où se trouvait Wilfried Brément. Et que celui ayant atteint Haydar a été déclenché de l’escalier, où se tenait Pascal Lagandré. Malgré la démonstration de l’expert, les deux videurs répètent qu’ils ont tiré « en l’air ».

L’ambiance. Les débats se tiennent dans le plus grand calme. La famille d’Haydar fait preuve de beaucoup de dignité dans la douleur. Les autorités craignaient des troubles en marge du procès. D’où la venue de CRS dans les quartiers de Nevers et un important déploiement policier autour du palais de justice.

Le racisme. Si tant de précautions ont été prises, c’est sans doute parce que la question d’une motivation raciste des coups de feu a été posée. En 2006, Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, avait d’ailleurs participé à la marche blanche organisée par la famille. Il avait défilé, comme 3.000 personnes, derrière une banderole « Justice pour tous ».

SOS racisme s’était aussi porté partie civile au dossier. Puis hommes politiques et associations militantes ont disparu de la circulation. Le chef d’accusation d’injures raciales a aussi été abandonné. Car les propos exacts et ceux qui les ont tenus, ce soir-là, n’ont jamais pu être établis.

La mémoire. Néanmoins, l’intolérance demeure un élément de décor de ce drame. Peu avant les tirs, plusieurs clients de la discothèque ont pris des pelles et poursuivi les jeunes.

Ou plutôt les « Arabes », comme a redit l’un d’eux à la barre. Plus qu’un fait divers, l’affaire de Garchizy est une ombre projetée sur l’Histoire contemporaine de la Nièvre. La discothèque s’appelait d’ailleurs Nuit de folie. Quel présage funeste !

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