Entretien avec Temel Kotil, PDG de Turkish Airlines: « Nous sommes le plus gros transporteur d’Europe » 25 janvier 2013
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Europolitique (Belgique) vendredi 25 janvier 2013
Par Markus Bernath à Istanbul
Turkish Airlines est devenue la compagnie aérienne avec la plus forte croissance du monde. Son PDG Temel Kotil a expliqué à Europolitique pourquoi Istanbul est le centre naturel de l’Europe pour un voyage en Asie et en Afrique. L’appel d’offres pour la construction de l’énorme troisième aéroport de la ville a été publié le 24 janvier au Journal officiel du gouvernement turc.
Dans quelle mesure ce nouvel aéroport d’Istanbul peut-il changer l’aviation d’affaires en Europe ?
Cet aéroport sera plus grand que tout autre en Europe, et le troisième plus grand au monde après Atlanta et Pékin. Notre emplacement est tout simplement parfait. Nous avons maintenant des parts de marché de 66 % pour les passagers en transit entre l’Europe, l’Extrême-Orient, le Moyen-Orient et l’Afrique. Le nouvel aéroport va conforter notre position en tant que « hub » naturel. Il sera spacieux, moderne, et pratique pour les allées et venues des passagers. Istanbul-Atatürk, l’actuel aéroport du côté européen, sera déjà le plus grand d’Europe après Heathrow à la fin de cette année par le nombre de vols par semaine.
Des compagnies ont grandi très vite, mais sans pouvoir maintenir leur expansion. Est-ce quelque chose qui vous préoccupe ?
La réponse est très simple. Tout dans le monde est naturel – les plantes, les entreprises, les particuliers. Si deux arbres poussent l’un à côté de l’autre, l’un peut aller plus haut, l’autre moins. Ils vont s’équilibrer. Les compagnies aériennes ont aussi leur taille naturelle. Vous pouvez utiliser la « force musculaire » pour grandir, mais à un certain moment, les concurrents et leurs marchés naturels interviendront.. Notre taille naturelle est beaucoup plus élevée que celle d’aujourd’hui. Voyez la géographie, les citoyens et leur façon de faire des affaires, les questions politiques. Lorsque Turkish Airlines a commencé sa restructuration en 2003, nous avions 10,4 millions de passagers. Cette année, nous allons en transporter 46 millions vers 250 destinations. Notre objectif dans cinq à dix ans est de 300 destinations. C’est la taille à laquelle nous sommes censés arriver.
Vous êtes un gros acheteur. A l’automne dernier, Turkish Airlines a commandé 15 avions gros-porteurs Airbus et Boeing. Et la ministre française du Commerce Nicole Bricq a récemment indiqué que Turkish Airlines pourrait encore commander jusqu’à 150 avions de ligne Airbus.
Nous avons maintenant environ 1 000 vols par jour et 206 appareils, un nouveau est prévu la semaine prochaine. Si nous doublons nos vols, nous devrons avoir deux fois plus d’avions. Nous avons fixé un nombre total de 375 appareils en exploitation en 2020, mais nous allons très bientôt annoncer combien d’Airbus seront achetés dans un proche avenir.
Supposons que la Turquie rentre dans l’UE l’année prochaine. Qu’est-ce que cela signifie pour votre entreprise en matière de réglementation, compétitivité, participation publique ?
Dès l’année prochaine ? Magnifique ! Nous serons prêts. Il n’y a pas grand-chose à adapter, Turkish Airlines est bien intégré dans les affaires européennes. Et depuis 2006, l’Etat ne détient que 49 %.
Le futur défi pour les compagnies aériennes européennes vient du Golfe. Or, Turkish Airlines est en pourparlers avec Lufthansa. Que serait ce partenariat avec les Allemands, au-delà de l’actuelle coopération au sein de Star Alliance ?
Ce peut être n’importe quoi. La réalité est sur la carte : nous veillons à attirer davantage de passagers vers notre plateforme et les compagnies du Golfe font la même chose. En tant que compagnie européenne, nous sommes le plus gros transporteur vers l’Extrême-Orient, le Moyen-Orient, l’Afrique. Un partenariat avec Lufthansa serait formidable. Que la chancelière allemande et notre Premier ministre parlent de la coopération de nos sociétés est une chose, mais les deux parties sont convenues de ne rien diffuser à ce stade, tenant compte de nos intérêts au niveau des bourses.
Est-ce qu’une alliance avec Lufthansa va donner à Turkish Airlines une image plus européenne ?
Nous sommes une compagnie européenne. Nous sommes membre de l’AEA (Association of European Airlines), historiquement, nous sommes très bien implantés en Europe. Nous avons l’intention de travailler de concert avec Lufthansa. Voyager vers l’Extrême-Orient deviendra plus facile pour les clients.
Un transporteur aérien national a toujours une fonction politique …
C’est très dangereux.
Ce peut être un outil pour les gouvernements. Regardez l’expansion de votre réseau en Afrique dans les années passées. Elle a été parallèle à l’ouverture d’ambassades.
Nos activités en Afrique sont purement commerciales, pour le gouvernement c’est autre chose. Pour nous, l’Afrique est un nouveau marché, un faiseur d’argent. Si l’on augmente le trafic vers l’Afrique, p.ex. de 10 %, nous attirons 10 % de passagers européens en plus. C’est aussi simple que cela.
Le nouvel aéroport d’Istanbul
L’attribution du 3ème aéroport d’Istanbul aura lieu le 3 mai, selon le ministre du Transport Binali Yildirim. Situé sur la rive européenne de la ville, entre les régions de Yeniköy et Akpinar, il aura une capacité de 150 millions de passagers annuels qui en fera l’un des plus grands du monde. La 1ère phase de la construction devrait se terminer d’ici 2016/17, les coûts totaux sont estimés à 7 milliards d’euros. L’aéroport aura deux terminaux et cinq pistes; l’opérateur sera retenu pour 25 ans. 120.000 nouveaux emplois seront créés, selon le gouvernement.
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