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UE/Turquie: Erdogan lorgne l’Organisation de coopération de Shanghai 29 janvier 2013

Posted by Acturca in Russia / Russie, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Europolitique (Belgique) 29 janvier 2013

Par Markus Benath à Istanbul

Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a fait tourner la grande roue de la géopolitique lors d’un show télévisé en déclarant que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) était une alternative plus prometteuse que l’UE pour la Turquie. Erdogan, qui a évoqué la possibilité d’une demande d’adhésion à l’OCS pour la deuxième fois depuis sa visite à Moscou en juillet 2012, est apparu bien plus déterminé que l’été dernier. « L’UE ne veut pas intégrer un pays musulman », a-t-il affirmé dans une interview à la chaîne d’information turque TV24, le 25 janvier. « Bien entendu, si les choses prennent une tournure aussi négative, en tant que Premier ministre de 75 millions d’habitants on doit commencer à explorer d’autres possibilités », a-t-il ajouté en concluant : « Les cinq de Shanghai sont mieux, plus forts ». (1)

L’été dernier, Erdogan a rappelé une conversation tenue en partie sur le ton de la plaisanterie avec le Président russe Vladimir Poutine au Kremlin : « Vous nous taquinez en demandant ce que la Turquie fait dans l’UE. A mon tour de vous taquiner en vous disant : faites-nous entrer dans le cercle des cinq de Shanghai et nous oublierons l’UE. » L’intervention d’Erdogan sur la chaîne TV24, vendredi dernier, avait moins le ton de la plaisanterie. Le Premier ministre turc a lâché une « bombe géopolitique », a commenté le chroniqueur Cengiz Candar. Selon lui, Erdogan a dit le fond de sa pensée. Puisque Erdogan brigue la présidence de la Turquie à partir de 2014, « l’adhésion aux cinq de Shanghai est une possibilité à ne pas sous-estimer », a-t-il écrit.

Pour la Turquie, s’asseoir à la même table que la Russie et la Chine pourrait marquer la reconnaissance tant attendue d’un poids politique que l’UE – de l’avis d’Ankara – ne voit pas. En tant que membre de l’OCS, la Turquie serait tentée de jouer le rôle de dirigeant « naturel » des Etats d’Asie centrale. Cela rappelle l’euphorie du début des années 1990 quand la Turquie a découvert ces anciennes républiques soviétiques turcophones, alors devenues nouvellement indépendantes.

Les experts restent néanmoins prudents. « Erdogan connaît très bien l’équilibre au sein de l’OCS », a déclaré à Europolitique Selçuk Colakoglu du think tank USAK à Ankara. Contrairement à la Russie, la Chine n’est pas très favorable à l’entrée de la Turquie au sein de l’OCS. En 2012, la Turquie a été invitée à l’organisation en tant que « partenaire de dialogue », n’étant pas un pays observateur.

« Cela passe très bien auprès de la population turque », a déclaré à Europolitique Gerald Knaus, directeur de l’European Stabilitiy Initiative (ESI) à Istanbul, qualifiant l’évocation de l’OCS par Erdogan de « bluff à l’attention de Bruxelles ». Un nouveau sondage du Center for Economy and Foreign Policy Research (EDAM) reflète la frustration des Turcs face au blocage des négociations : deux tiers disent ne plus s’intéresser à l’adhésion à l’UE.

(1) Le mécanisme « Shanghai Cinq » a été établi en 1996 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan en 1996. En 2001, l’Ouzbékistan les a rejoints.

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