Descente de police dans le milieu kurde 13 février 2013
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Sud Ouest (France) Mercredi 13 février 2013, p. Libournais/Pays Foyen-C2-3
Jean-Michel Desplos
Quinze Kurdes ont été interpellés sur l’agglomération bordelaise dans le cadre d’une enquête antiterroriste portant sur des tentatives d’extorsion de fonds
Un vaste coup de filet a été mené, hier, au petit matin, dans la communauté kurde girondine, mais aussi à Toulouse et en Espagne. L’opération, préparée dans la plus grande discrétion, était conduite par la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Bordeaux et par des enquêteurs de la sous-direction antiterroriste de Paris.
Quinze personnes ont été arrêtées dans le département, à Bordeaux, Cenon, Lormont et Mérignac. Une autre a été interpellée à Toulouse tandis que plusieurs l’étaient au même moment en Espagne, toujours en lien avec l’affaire suivie par le parquet antiterroriste de Paris portant sur de présumées violences et tentatives d’extorsion de fonds destinées à financer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Tous ces suspects sont en garde à vue pour une durée pouvant aller jusqu’à 96 heures.
De l’argent et des armes
L’enquête, ouverte à la fin de l’année 2011, concerne uniquement des hommes âgés de 20 à 45 ans soupçonnés d’avoir proféré des menaces ou commis des violences pour se faire remettre la « kampanya », la fameuse collecte annuelle faite au sein de la communauté kurde. Cette levée de fonds est utilisée en partie pour financer la guérilla en Turquie. En quelques années, plus d’une vingtaine de procédures ont été lancées contre le réseau PKK en France. Celle d’hier s’inscrit dans la volonté de déstabiliser le Parti des travailleurs du Kurdistan, organisation armée fondée en 1978 contre le pouvoir turc.
Agissant dans le cadre d’une enquête préliminaire, les policiers de la DIPJ et de la SDAT ont effectué plusieurs perquisitions avec l’appui du Groupe d’intervention de la police nationale (GIPN) et la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de l’antenne PJ de Bayonne. Les recherches ont été positives puisque plusieurs milliers d’euros en numéraire et des armes ont été découverts.
Les locaux de l’association culturelle kurde, rue Camille-Sauvageau, dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux, ont également été passés au peigne fin par les policiers à la recherche de documents.
Transférées à Paris
Quinze Kurdes ont été placés en garde à vue au commissariat central de Bordeaux pour y être entendus. Leurs déclarations sont traduites par des interprètes avant d’être actées sur procès-verbal. Les policiers cherchent d’abord à déterminer le parcours de chacun des mis en cause depuis leur arrivée en Gironde. Viendront ensuite les questions relatives à l’impôt révolutionnaire. Trois individus sont fortement soupçonnés d’être les principaux leaders du groupe, chargés de recruter des exécutants. Ces derniers auraient déjà exercé des violences à l’encontre de gens de leur communauté qui refusent de donner de l’argent. Des victimes auraient eu droit à un passage à tabac.
Hier après-midi, quelques Kurdes, membres de la communauté bordelaise forte d’environ 250 membres, ont manifesté devant la préfecture où une délégation a été reçue. Une banderole sur laquelle était inscrit « Relâchez-les immédiatement » a été déployée.
La plupart des personnes en garde à vue devraient être transférées à Paris à l’issue des auditions, en vue d’une mise en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Au même moment, à Paris, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, recevait son homologue turc, Ahmet Davutoglu.
Des Précédents
À Bordeaux, au mois de février 2008, trois membres du PKK ont été arrêtés. Ils travaillaient dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Ces interpellations étaient liées à l’incendie criminel de deux bars turcs, qui avaient été pris pour cible avec des cocktails Molotov au printemps 2007. Au mois de mars, Chez Musa, rue de la Fusterie, et le bar Fut Bol, place Bir-Hakeim, avaient été totalement détruits par le feu.
En octobre 2011, les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) ont mené une opération dans les locaux de l’association culturelle kurde, où ils ont interpellé des sympathisants du PKK qui dormaient là. Les enquêteurs avaient également saisi la comptabilité de l’association et divers documents. Sept d’entre eux avaient été déférés et placés en détention provisoire.
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