Les excuses de Nétanyahou au peuple turc 23 mars 2013
Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.Tags: Benjamin Netanyahu, Israël, Recep Tayyip Erdogan
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Le Figaro (France) no. 21348, samedi 23 mars 2013, p. 5
Laure Marchand, correspondante à Ankara
Le premier ministre israélien a regretté vendredi l’arraisonnement de la flottille à destination de Gaza en 2010, causant la mort de neuf ressortissants turcs. Et ouvre ainsi la voie à la réconciliation entre les deux pays.
Moyen-Orient. À défaut d’avoir fait avancer les négociations israélo-palestiniennes lors de son voyage au Proche-Orient, Barack Obama pourra se consoler avec un succès diplomatique sur un autre front.
Vendredi, juste avant que l’avion présidentiel américain ne décolle de l’aéroport de Tel-Aviv pour la Jordanie, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a téléphoné à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan et s’est excusé pour la mort de neuf militants turcs à bord du ferry Mavi Marmara pris d’assaut par l’armée israélienne le 31 mai 2010. Ce geste ouvre la voie à une réconciliation entre la Turquie et Israël dont les relations étaient devenues exécrables depuis cette affaire de la flottille pour Gaza.
Le retour des ambassadeurs
Benyamin Nétanyahou a « présenté ses excuses au peuple turc pour toute erreur ayant pu conduire à la perte des vies » , selon le communiqué officiel israélien, et a accepté d’indemniser les familles des victimes. Ses démarches étaient les deux préalables exigés par les autorités turques à une normalisation entre les deux États. Mais, jusqu’à présent, le premier ministre israélien les avait refusés, suivant la ligne intransigeante d’Avigdor Liberman. La démission en décembre du ministre des Affaires étrangères israélien, accusé de corruption, a permis à Benyamin Nétanyahou de privilégier un rapprochement avec Ankara.
Et hier, les deux chefs de gouvernement israélien et turc sont convenus « du retour des ambassadeurs » à Tel-Aviv et à Ankara, précise le texte. Recep Tayyip Erdogan a également réagi par une déclaration écrite, assurant « qu’il était désolant que des relations, d’une importance stratégique vitale pour la paix et la stabilité dans la région, se soient détériorées ces dernières années » . Les risques d’une déstabilisation générale au Moyen-Orient poussent à la restauration de l’axe traditionnel Turquie-Israël. Depuis Amman, Barack Obama, qui cherche à circonscrire l’incendie syrien, a déclaré qu’il n’était pas nécessaire que les deux pays soient d’accord sur tous les points pour oeuvrer ensemble à la sécurité régionale.
La détérioration des liens entre les deux anciens alliés était déjà bien amorcée depuis l’opération « Plomb durci » de Tsahal contre l’enclave palestinienne en 2008. Mais l’attaque du Mavi Marmara, à la tête d’un convoi humanitaire international destiné à forcer le blocus de Gaza et organisé par l’IHH, une association islamiste turque, avait décuplé le courroux de Recep Tayyip Erdogan. Expulsion de l’ambassadeur d’Ankara et suspension des accords militaires en 2011, ouverture à Istanbul du procès par contumace de quatre officiers israéliens accusés d’être responsables du raid sur le ferry en novembre dernier…
Les contentieux s’accumulaient et les charges du premier ministre turc contre Israël se multipliaient. La dernière remonte à fin février lorsqu’il avait assimilé le sionisme à « un crime contre l’humanité » .
Mais ces dernières semaines, des rencontres discrètes entre les diplomates des deux pays tentaient de remettre les relations sur les rails. Ils s’étaient notamment rencontrés à Rome début mars et Israël avait donné en février son feu vert à la construction d’un hôpital turc à Gaza.
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