Bretagne-Turquie. Le combat persévérant d’Ali Dere 3 juillet 2013
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Le Télégramme (Bretagne) mercredi 3 juillet 2013, p. QPR7
Finistère-sud ~ Quimper
Recueilli par Ronan Larvor
Le Quimpérois Ali Dere, président d’une association turco bretonne, multiplie les initiatives pour rapprocher deux pays et deux cultures qui ont bien des affinités. Il tisse des liens aussi bien culturels que politiques.
Pourquoi travailler pour le rapprochement entre Quimper et la Turquie ?
J’ai toujours voulu rapprocher les deux cultures. Nous avons les mêmes caractères, surtout les Turcs du bord de la Mer Noire d’où je viens. Les contacts ont commencé entre l’association culturelle turque, le bagad Penhars, les Mederien. Nous avons une danse identique, à un pas près, et nous avons aussi une sorte de cornemuse.
Vous êtes en France depuis longtemps ?
1984. J’avais 7 ans quand je suis arrivé à Quimper de Turquie. Mon père était déjà en France depuis 1979 quand il a fait venir sa famille. Moi-même j’ai pris la nationalité française, il y a quatre ans. Je suis fier d’être turc et fier d’être breton.
Quelles ont été vos actions ?
Nous avons créé l’association Heson/Kaynasma avec Loïc Philippon, en 2011. Elle a abouti à la participation des Danserien Kemper à la fête des enfants à Izmir, en mai, en présence de plusieurs élus quimpérois. À la rentrée prochaine, un groupe d’enfants turcs de Quimper va s’initier à la danse bretonne. À l’inverse, des Bretons vont apprendre les danses turques. J’ai rapporté une cornemuse au Conservatoire de musique de Quimper. Un professeur travaille sur l’instrument. Si cela l’intéresse, j’en ferai venir une dizaine l’an prochain. Je prépare aussi le passage d’un groupe de cornemuses turques au Festival de Lorient pour l’an prochain.
On parle de jumelage ?
Nous allons organiser, cet automne, une conférence sur l’histoire des relations d’amitié entre la Turquie et la France. Elle remonte à très longtemps. Je trouve regrettable qu’il y a seulement trois ou quatre villes françaises jumelées avec des villes turques. Un jumelage entre ma ville d’origine Trabzon, située au bord de la Mer Noire, et Quimper est possible. D’ailleurs, j’ai interrogé les deux maires et ils ont dit : « pourquoi pas ? ». Un comité de soutien sera mis en place à la rentrée.
Les Turcs sont-ils bien intégrés à Quimper ?
Ma génération n’a pas le barrage de la langue comme celle de nos pères et elle a pris la nationalité française. Il y a près d’un million de Turcs en France, mais ni député, ni maire et très peu d’élus. Il faut que les Turcs maintenant s’engagent en politique, comme le font les Maghrébins. Pour la première génération de Turcs, avoir des représentants élus serait un symbole.
Comment jugez-vous ce qui se passe aujourd’hui en Turquie ?
Je constate que les questions des Alévis (*), des Kurdes, des Arméniens progressent. Ce sont des causes nobles. Comment ne pourrais-je pas comprendre les Kurdes qui réclament de parler leur langue alors que ma grand-mère ne parlait pas turc mais le grec ancien. Les progrès en Turquie ont lieu quand il y a des négociations avec l’Europe. Quand les discussions sur un rapprochement cessent, il y a un raidissement, ce qui a été le cas il y a trois ans, notamment avec la position de Nicolas Sarkozy.
Les Français s’interrogent sur les menaces vis-à-vis de la laïcité.
La religion n’a rien à faire dans la politique. Il y avait beaucoup de problèmes différents soulevés par les manifestants ces derniers jours. Si l’on votait aujourd’hui, Erdogan serait réélu facilement. Mais, toutes les évolutions, on les doit à l’Europe. À Quimper, avec un maire conseiller du président de la République et un député membre du groupe d’amitié France-Turquie et président de la Commission des lois, on doit pouvoir avancer le rapprochement.
(*) Minorité religieuse
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