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Ankara isolé 12 septembre 2013

Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
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Courrier international, no. 1193, jeudi 12 septembre 2013, p. 18       Türkçe

Hasan Cemal, T24 (Istanbul)

Lorsque l’AKP [le parti musulman modéré turc] est arrivé au pouvoir [en 2002], la situation était différente. En effet, au début des années 2000, Recep Tayyip Erdogan, Abdullah Gül [ministre des Affaires étrangères de 2002 à 2007] et ensuite Ahmet Davutoglu [ministre des Affaires étrangères depuis 2009] avaient commencé à forger la politique extérieure de la Turquie en tenant compte des équilibres délicats liés à la position géopolitique particulièrement sensible du pays. Ankara entretenait alors de bonnes relations tant avec l’Est qu’avec l’Ouest, sans tourner le dos ni à l’un ni à l’autre. Cette conception d’une politique étrangère évitant soigneusement les grandes contradictions lui valait même un certain respect.

Mais cette situation subsiste-t-elle aujourd’hui ? Pouvez-vous m’indiquer un pays avec lequel la Turquie ne s’est pas brouillée ? L’état de nos relations avec la Syrie est connu de tous. A cause précisément de la crise syrienne, nos relations avec l’Iran et avec la Russie ne sont pas au beau fixe. Pour la même raison, nos rapports avec le Hezbollah au Liban sont très mauvais. Ne parlons pas de nos relations avec Israël. Celles avec les Palestiniens, qui ont repris les négociations avec Israël, ne sont pas bien meilleures. On ne peut pas dire non plus que nos rapports avec le Hamas palestinien divisé soient très bons : la visite d’Erdogan dans la bande de Gaza, annoncée depuis des lustres, n’a toujours pas eu lieu et elle est quasiment, tombée dans l’oubli. Il n’y a pratiquement plus rien à dire concernant l’Egypte.

On croit rêver lorsqu’on entend le Premier ministre dire à la télévision : « Nous disposons de preuves. C’est Israël qui se cache derrière le coup d’Etat en Egypte. » Une telle déclaration, qui n’a pas manqué de susciter des réactions négatives tant en Egypte qu’en Israël et aux Etats-Unis, nous en dit beaucoup sur le mode de fonctionnement et l’identité de ceux qui conseillent Erdogan sur ce sujet. A cause de notre attitude vis-à-vis de la crise égyptienne [condamnation du coup d’Etat militaire], nos liens avec l’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe se sont détériorés. Les relations entre Ankara et Bagdad sont de plus en plus tendues. Alors que le Premier ministre chiite irakien, Nouri Maliki, tente d’améliorer ses rapports avec les Kurdes d’Irak, la Turquie prend une tout autre direction. Si le processus de paix avec le PKK [le mouvement armé kurde], qui ne cesse de se fragiliser, continue de se détériorer, ce ne sera pas seulement avec les Kurdes de Turquie que les liens vont se déliter, mais aussi avec l’ensemble des Kurdes du Moyen-Orient.

Nos relations avec les Etats-Unis et l’Union européenne, déjà affectées par les événements du parc Gezi et de la place Taksim [les sit-in et manifestations antirégime à Istanbul survenus entre mai et juillet 2013], se sont encore compliquées avec le coup d’Etat en Egypte. Il va de soi que ce putsch doit être dénoncé, de même que les massacres perpétrés par le général Sissi. Il convient de rappeler et de défendre certains principes, mais, si un Etat fait cela sans tenir compte des réalités, il perd alors toute possibilité d’influer sur la situation. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe sur le dossier palestinien, où Ankara a perdu toute capacité d’influence.

Publié le 22 août

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