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La percée de la science en orient 10 octobre 2013

Posted by Acturca in Academic / Académique, Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
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Le Point (France) no. 2143, jeudi 10 octobre 2013, p. 18

Par le professeur Didier Raoult *

Nous assistons à un bouleversement des rapports de forces dans le paysage scientifique mondial.

L’évaluation de la recherche peut se faire d’une façon assez simple par le dénombrement de la production scientifique écrite. Bien sûr, les indicateurs de performances sont toujours critiquables – ils sont d’ailleurs largement critiqués -, mais leur observation au cours du temps permet de dessiner les grandes tendances qui restent, elles, difficilement contestables. or nous sommes en train d’assister, dans le courant du XXIe siècle, à un bouleversement de la situation de la science dans le monde. Quel est-il ? D’abord, depuis peu, le double – ment de la production annuelle, qui attteint 2,5 millions d’articles en 2012, contre 1,2 million de 1999 à 2008. Ensuite, la mise en place de nouveaux rapports de forces entre les pays. Ainsi, la recherche américaine a largement entamé son déclin. Les États-Unis, qui produisaient, à la fin du XX e siècle, 38 % des publications scientifiques du monde, n’en génèrent plus que 22 % en 2012. Ce changement brutal n’a d’équivalent que la diminution relative de la puissance scientifique de la France, au milieu du XIX e siècle, lorsqu’elle est passée de la première à la quatrième place.

Derrière les États-Unis, la Chine, classée à la cinquième place au début du XXI e siècle, pointe désormais à la deuxième, avec une production scientifique qui représente plus de la moitié de celle des États-Unis. Cela fait trente ans que la recherche scientifique américaine n’avait pas eu de compétiteur de cette dimension. Un changement extrêmement rapide et brutal, qui témoigne d’une nouvelle orientation considérable de la puissance scientifique. Le Japon, qui était encore deuxième à la fin du XX e siècle, rétrograde maintenant à la cinquième place, derrière l’Angleterre et l’Allemagne. Toutes deux conservent leur rang, mais leur apport à la production scientifique mondiale régresse. Autres progressions extrêmement importantes : celles de l’Inde, qui arrive à la 11 e place, de la Corée du Sud, qui oscille entre la 12 e et la 14 e , du Brésil, qui se classe 14 e , juste devant Taïwan.

Dans ce nouveau jeu de cartes, où se situe la France ? Nous produisons seulement 3,7 % de la recherche mondiale, contre 5,9 % encore à la fin du XX e siècle. Mais c’est l’émergence des pays d’orient dans la science actuelle qui en est l’un des éléments les plus marquants. La très grande surprise vient de la montée en puissance de la Turquie et de l’Iran, qui occupent maintenant les 18 e et 19 e positions, et donc intègrent le top 20, où ils prennent la place de la Pologne et de la Belgique. Que l’Iran ait une production scientifique qui dépasse celle de la Suède et talonne celle de la Russie apporte un nouvel éclairage sur ces pays. Le monde scientifique change très rapidement, la priorité à la science et l’investissement massif consentis par un certain nombre de nations expliquent ce rattrapage considérable. Désormais, l’ orient talonne, voire dépasse, en production scientifique la plupart des pays européens. Un nouveau jeu des puissances scientifiques qui va bouleverser le paysage technique et économique du monde.

* Directeur de l’unité de recherche sur les maladies infectieuses de la faculté de médecine de Marseille.

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