Aydan Özoguz, première ministre allemande d’origine turque 16 décembre 2013
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Agence France Presse, Lundi 16 décembre 2013
Eloi Rouyer, Berlin
La sociale-démocrate Aydan Özoguz, 46 ans, nommée secrétaire d’Etat chargée des Migrations, des Réfugiés et de l’Intégration, est la première personnalité politique d’origine turque à faire partie d’un gouvernement fédéral allemand.
« Je me réjouis beaucoup de pouvoir siéger au sein du gouvernement », a déclaré Mme Özoguz, citée lundi dans le quotidien Hamburger Abendblatt, au lendemain de l’annonce de sa nomination. « Quand on prend du plaisir à faire de la politique, voilà jusqu’où cela peut conduire, et ce, même quand on porte un nom difficile », a-t-elle ajouté.
Sa nomination a été saluée comme l’une des surprises de cette nouvelle équipe gouvernementale par la presse allemande qui lui a consacré plusieurs encarts.
En Turquie, le journal à gros tirage Hürriyet se félicitait du fait que « les passagers de l’espoir ont donné naissance à un ministre », faisant allusion aux premiers immigrés turcs d’Allemagne (« Gastarbeiter » en allemand, travailleurs invités) venus travailler dans les usines du pays dans les années 1960.
Interrogée par la chaîne de télévision turque d’information NTV, Mme Özoguz a d’ailleurs rendu hommage aux Turcs d’Allemagne. Cette nomination « est le fruit de tant d’années de difficultés rencontrées par la communauté turque d’Allemagne », a-t-elle déclaré.
Fille de commerçants turcs, Mme Özoguz est née le 31 mai 1967 à Hambourg (nord).Naturalisée en 1989, elle a connu en quelques années une rapide ascension politique.
D’abord responsable de projets liés à l’intégration dans une fondation, elle est repérée par Olaf Scholz, l’actuel maire social-démocrate (SPD) de la ville hanséatique. Elle devient députée en 2009, après avoir adhéré au SPD en 2004.
Très vite, son profil séduit la direction du parti : Sigmar Gabriel, patron des sociaux-démocrates, souhaite augmenter le nombre de personnes d’origine étrangère au sein de la direction d’un parti encore secoué par les conséquences de l’affaire Thilo Sarrazin.
Cet homme politique social-démocrate avait publié en 2010 un livre à scandale « Deutschland schafft sich ab » (« l’Allemagne court à sa perte »), défendant l’idée que l’immigration, notamment turque, affaiblissait structurellement le pays.
Mme Özoguz est nommée vice-présidente du parti en 2011, sept ans seulement après en être devenue adhérente. « L’affaire Sarrazin a porté un grand coup au SPD (…) Personnellement, je pense qu’il aurait été mieux de l’exclure du parti, afin d’envoyer un signal clair », avait-elle déclaré récemment à l’AFP.
Très présente au côté de Peer Steinbrück, candidat malheureux face à la chancelière Angela Merkel aux dernières élections législatives, Mme Özoguz était chef de file de son parti à Hambourg, deuxième ville d’Allemagne.
Tout au long de la campagne, elle a oeuvré à convaincre les Allemands d’origine étrangère, et particulièrement turque, de voter pour le Parti social-démocrate (SPD), avec notamment la promesse de faire obtenir la double nationalité à tous les enfants d’immigrés ayant grandi en Allemagne, alors qu’ils étaient jusqu’ici contraints de choisir entre celle du pays d’origine et celle de leur pays d’accueil.
« Si nous avons une majorité au Bundestag (chambre basse du Parlement), nous pourrons immédiatement modifier la legislation concernant la nationalité. Ce serait naturellement un pas énorme », soulignait-elle. Au terme d’un compromis avec les conservateurs, le SPD a finalement obtenu que cette double nationalité fasse partie du programme de coalition gouvernementale, mais en la limitant aux enfants nés en Allemagne. Mme Özoguz travaillera à la mise en oeuvre de cette mesure.
En tant que députée, elle était membre de la commission parlementaire « famille, personnes âgées, jeunesse, femmes » et chargée des questions d’intégration pour le groupe SPD, au cours de la dernière législature.
Répondant à des conjectures quant à son avenir en mai dernier, la vice-présidente du SPD n’avait pas caché avoir été déjà approchée pour assumer des fonctions ministérielles. « Ce n’est pas un mystère », affirmait-elle à la radio Deutschlandfunk.
Mais, précisait-elle, « j’ai pu remarquer que c’était relativement incompatible (avec une vie de famille) et je ne souhaite faire que ce que je peux vraiment bien faire ». Mme Özoguz a une fille d’une dizaine d’années et son mari, Michael Neumann, est lui aussi engagé en politique en tant que responsable de la politique intérieure de la ville-Etat de Hambourg.
Selon Deutschlandfunk, la désormais ministre fédérale avait refusé l’an passé un poste de ministre régionale de l’Intégration, proposé par le chef social-démocrate du gouvernement du Land (Etat régional)du Schleswig-Holstein.
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