Chypre : le projet de réunification relancé 12 février 2014
Posted by Acturca in Energy / Energie, South East Europe / Europe du Sud-Est, Turkey / Turquie.Tags: Chypre
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Les Echos (France) no. 21625, mercredi 12 février 2014, p. 15
Catherine Chatignoux
Les négociations reprennent cette semaine dans un contexte radicalement nouveau. La réunification de Chypre est à nouveau à l’ordre du jour. Les dirigeants du nord et du sud de l’île, divisée depuis 1974, se sont rencontrés hier en terrain neutre, sur l’aéroport désaffecté de Nicosie, en présence d’une responsable de l’ONU, qui abrite les discussions. Dans un communiqué commun, le président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades, et le dirigeant de la République turque de Chypre du Nord, Dervis Eorglu, ont déclaré qu’ils souhaitaient parvenir à une solution « aussi vite que possible ». D’ailleurs, la prochaine rencontre des négociateurs est programmée pour « cette semaine ».
L’objectif, poursuit le communiqué, est de constituer « une fédération bi-communautaire et bi-zonale » composée de deux Etats membres « de statut égal » qui auront interdiction de nouer « une union partielle ou totale avec un quelconque autre pays ». Si une solution est trouvée, elle sera soumise à deux référendums distincts. Voilà qui ressemble à un remake de la dernière tentative de réconciliation. Le 21 avril 2004, les Chypriotes avaient été invités à ratifier par référendum le plan de réunification alors proposé par l’ONU. Mais si les Chypriotes turcs avaient ratifié le compromis, les Chypriotes grecs l’avaient rejeté, remettant les compteurs de la réunification à zéro. C’est donc une île divisée qui avait fait son entrée dans l’Union européenne, le 1er mai 2004. Des discussions avaient repris, mollement, à partir de 2008, suspendues en 2012.
Cette fois, le climat est différent et les chances de succès s’annoncent plus élevées que jamais. Un élément nouveau est en effet venu bouleverser le contexte des relations entre Chypre et la Turquie : la découverte de gigantesques réserves gazières au large de l’île, qui rendent plus que jamais nécessaire la réunification de l’île. La République de Chypre ne pourra organiser efficacement l’exploitation de ce gaz, prévue à partir de 2017, que si elle est en paix avec son voisin turc. Déjà Ankara a protesté contre les explorations menées au large des côtes sud de l’île et revendique une part du gâteau pour ses protégés de Chypre du Nord. Les Turcs ont lancé leurs propres prospections et contestent les limites de la zone économique exclusive de Chypre. Si Chypre veut devenir le centre énergétique régional qu’elle ambitionne d’être, elle doit se réconcilier avec la Turquie. La manne gazière annoncée lui permet aujourd’hui d’être généreuse et de mettre une partie des retombées financières de l’exploitation gazière dans la balance des négociations avec son ennemi héréditaire.
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