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La Syrie s’invite dans les élections turques 25 mars 2014

Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
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Le Figaro (France) no. 21658, mardi 25 mars 2014, p. 11

Laure Marchand, Istanbul

En campagne pour les municipales, le parti turc au pouvoir, englué dans les scandales, adopte des postures guerrières face au régime de Damas.

Scrutin. La guerre en Syrie s’invite brutalement dans la campagne électorale turque. Elle se matérialise par une longue traînée de fumée noire dans le ciel qui tombe en piqué vers le sol. Il s’agit des dernières secondes d’un MIG 23 syrien abattu dimanche par un avion militaire turc. Depuis cette chute filmée en direct par une chaîne de télévision, la tension est montée entre les deux pays et le timing de l’incident nourrit la polémique sur de possibles arrière-pensées ayant motivé ce tir de missile. Il s’est produit à une semaine des élections locales prévues le 30 mars et les opposants du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui est englué dans un scandale de corruption, l’accusent d’une manoeuvre de diversion pour faire oublier ses difficultés sur la scène nationale.

Malgré quatre avertissements, le chasseur syrien a pénétré dans l’espace aérien turc « sur environ un kilomètre, puis a pris la direction de l’ouest et a continué sur 1,5 kilomètre » , selon un communiqué des forces armées turques, justifiant l’entrée en action d’un F 16 qui venait de décoller. L’avion ciblé s’est écrasé peu après 13 heures. En ce début d’après-midi, Recep Tayyip Erdogan était en plein meeting de campagne pour les municipales. Devant des milliers de partisans gonflés par les élans belliqueux de leur chef, il a félicité les « valeureux pilotes » et assuré « d’une réplique musclée » en cas de violation de l’espace aérien national.

De son côté, Damas conteste la version de son voisin et a dénoncé « une agression flagrante » . Le pilote, qui a pu s’éjecter, assure que son avion a été visé alors qu’il était en train de pourchasser des rebelles aux alentours de Kassab, à 7 kilomètres à l’intérieur de la Syrie. Les insurgés islamistes ont pris le contrôle de ce village lundi. La veille, ils s’étaient emparés du poste frontière, un passage stratégique car cette région du nord-ouest de la Syrie, berceau de la famille Assad, est alaouite.

Une enclave ottomane dans la région d’Alep

Au-delà de ces explications divergentes, Kadri Gürsel, éditorialiste spécialiste de politique étrangère, s’interroge sur la réponse turque : « La question légitime est de savoir si cet avion a posé une menace grave pour la sécurité nationale, ce n’est pas du tout convaincant, le survol n’a duré que quelques secondes. Le gouvernement en difficulté exploite cette histoire. » La fermeture de Twitter la semaine dernière, pour empêcher la divulgation d’enregistrements sonores compromettant pour le premier ministre, place ce dernier sous le feu des critiques. Pour le Parti républicain du peuple, principale formation d’opposition, le gouvernement, qui « est écrasé par les pots-de-vin, les vols et la corruption, pourrait se lancer dans de dangereuses aventures pour modifier l’agenda » . « Les tentatives du dictateur pour commencer une guerre (…) sont désespérées » , accuse Haluk Koç, son porte-parole.

L’actualité syrienne est devenue celle de la Turquie depuis une semaine. Jeudi dernier, trois hommes, deux Albanais et un Kosovar présentés comme des djihadistes venant de Syrie, ont ouvert le feu lors d’un contrôle routier en Anatolie, tuant un policier et un gendarme. Selon le ministre de l’Intérieur, Efkan Ala, le trio avait pour mission de rallier Istanbul pour y semer le chaos avant les élections. Enfin, les autorités turques agitent une possible intervention en Syrie pour défendre le tombeau de Suleyman Shah, le grand-père du fondateur de la dynastie ottomane. Il est situé dans une enclave turque de la région d’Alep, qui a été cédée à la Turquie par les Français lors du traité d’Ankara en 1921. Vingt-cinq soldats turcs y stationnent. Et le groupe islamiste EIIL menace de le détruire s’ils ne s’en retirent pas. « Il s’agit de notre seul territoire à l’extérieur de notre patrie, a déclaré Abdullah Gül, le président de la République. Il sera défendu de la même façon que notre nation. »

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