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 » La priorité turque «  10 juillet 2014

Posted by Acturca in France, Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Sud Ouest (France) Jeudi 10 juillet 2014, p. 4

Recueilli par Christophe Lucet

Hakki Akil, l’ambassadeur turc en France, rappelle que l’adhésion à l’Union européenne est le  » choix stratégique  » du pays.

 » Sud Ouest « . Depuis des années, le sentiment d’une distance entre la Turquie et les pays de l’Union européenne s’est installé.

Hakki Akil. La Turquie n’a pas varié : adhérer à l’Union est une priorité stratégique. Et il est capital de poursuivre le processus. Notre Premier ministre, Recep Tayyip Erdoğan, vient de rappeler qu’il était impossible d’écrire l’histoire de la Turquie sans se référer à celle de l’Europe, et vice versa. Doit-on aller à une adhésion pleine et entière ? Ou vers un statut différent, type Suisse ou Norvège ? Le moment venu, la question sera posée par référendum au peuple turc et aux citoyens européens. En attendant, il faut continuer à harmoniser la législation turque avec celle de l’Union pour que le train ne déraille pas mais arrive en gare.

Où en est-on exactement de la procédure d’adhésion ?

Sur les 35  » chapitres  » d’adhésion à l’UE, plusieurs sont toujours bloqués, dont huit par les Chypriotes grecs; la France, elle, en bloquait cinq sous Nicolas Sarkozy, mais le chapitre XXII, consacré à la politique régionale, a été ouvert par François Hollande, et la France ne s’oppose plus à l’ouverture des autres. Une adhésion de la Turquie pourrait apporter beaucoup sur le plan politique et stratégique mais aussi économique : en raison de son essor considérable depuis dix ans – le PIB a bondi de 230 à 820 milliards de dollars par an -, le pays serait contributeur net au budget de l’Union.

La négociation entre la Turquie et sa minorité kurde avance-t-elle ?

Oui, la négociation avec la branche politique du PKK (NDLR, le Parti des travailleurs du Kurdistan, classé  » terroriste  » par Ankara) continue et il n’y a pas eu de morts depuis dix-huit mois. Je ne sais pas quand nous déboucherons à un accord, car il faut être deux pour danser le tango.

 » Il faut harmoniser la législation turque avec celle de l’Union pour que le train ne déraille pas mais arrive en gare « 

Mais le gouvernement veut convaincre le PKK de déposer les armes et de descendre des montagnes pour participer à la vie politique. Pour cela, il a pris des décisions courageuses, au risque de mécontenter d’autres groupes turcs. La décentralisation pourrait être une solution, mais rien n’est possible sans la bonne volonté de tous. En tout cas, la croissance économique en Turquie fait que la population du Kurdistan, qui en a profité, ne veut plus vivre avec le terrorisme et voir ses fils prendre le maquis.

La Turquie vit depuis trois ans avec la guerre à ses portes et 1 million de réfugiés syriens chez elle. Comment fait-elle ?

C’est très difficile à gérer. 800 000 Syriens sont dispersés en Turquie et 220 000 dans des camps équipés – avec crèches et écoles – qui coûtent 2 milliards de dollars par an. Le contribuable turc ne se plaint pas : il a la culture de l’accueil des réfugiés comme ce fut le cas avec les Kurdes d’Irak quand ils étaient réprimés par Saddam Hussein. Nos voisins sont dans le besoin, nous les aidons. Mais la situation n’est pas durable.

Que faire ? Bachar al-Assad semble accroché au pouvoir…

Il a causé la mort de 165 000 concitoyens et fait plusieurs millions de réfugiés et déplacés. Tôt ou tard, il devra partir. Mais plus il restera au pouvoir, plus il y aura de morts. Dès le début de la crise, la Turquie a fait de son mieux pour convaincre Assad d’écouter sa population. Aujourd’hui, nous sommes aux côtés de nos alliés occidentaux pour soutenir les démocrates du Conseil national syrien et envoyer de l’aide humanitaire.

Le désordre en Irak vous inquiète ?

Nous avions dit qu’il fallait que le Premier ministre Maliki fasse une politique non sectaire. Désormais, nous sommes inquiets pour son intégrité territoriale en constatant que tous les groupes cherchent à fortifier leurs positions politico-militaires pour se prémunir de la désagrégation du pays. S’agissant des djihadistes, nous cherchons à lutter contre les filières qui passent par chez nous; et nous avons une coopération policière étroite avec les pays européens. C’est le cas avec la France, à qui nous demandons de montrer la même sensibilité quand il s’agit de lutter contre le PKK.

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