« Reconstruire notre petite Turquie » 30 juillet 2014
Posted by Acturca in Art-Culture, France, Immigration, Turkey / Turquie.Tags: association, Montluçon
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La Montagne (France) mercredi 30 juillet 2014, p. Montlucon-10
Maëlle Hamma
Chaque semaine, La Montagne part à la découverte d’une communauté et de son histoire. Les premiers Turcs de Montluçon sont arrivés dans les années 1960. Une « immigration purement économique », comme l’explique Mehmet Akkus, vice-président de l’Association culturelle turque. « C’était une immigration plus subie que voulue. Ils vivaient une situation économique difficile en Turquie tandis qu’en France, on avait besoin de main-d’oeuvre dans les secteurs du bâtiment, des métiers du bois et dans les usines. »
« Nous n’avions pas le même passé que la France a pu avoir avec l’Algérie »
Cette installation devait être provisoire, « c’était surtout des hommes venus seuls et ayant laissé femmes et enfants au pays le temps de gagner assez d’argent », poursuit Mehmet Akkus. « Je suis un des premiers arrivants, en 1973. Nous n’avons pas eu de difficulté pour trouver du travail », se souvient Rafet Kinay. « Les seuls problèmes que nous avons eus, c’était au niveau de la communication, il y avait une barrière de la langue, mais on a toujours été bien accueillis », ajoute Bahattin Ilkaya, arrivé à Montluçon en 1981.
Finalement, bon nombre de ces hommes ont fait venir leur famille ici par le biais du regroupement familial. Aujourd’hui, ce sont plus de trois cents familles d’origine turque qui vivent dans l’agglomération.
D’après Mehmet Akkus, les Turcs n’ont pas eu les mêmes difficultés d’intégration que les populations maghrébines. « C’est normal car nous n’avions pas le même passé que la France a pu avoir avec l’Algérie par exemple. Nous avons cherché à reconstruire notre petite Turquie, ici à Montluçon. »
Mais pour Mustafa Karsavuran, président de l’association, il est important de préciser qu’il ne s’agit pas de communautarisme. « C’est vrai que nous sommes restés pendant longtemps entre nous, surtout les premiers arrivants qui étaient bloqués à cause de la langue. Mais les jeunes des deuxième et troisième générations sont plus investis dans la vie de l’agglomération. »
Une double identité ?
La plupart des membres sont de nationalité française ou disposent de la double nationalité. « Chaque année, on retourne en Turquie, le retour au pays se passe toujours bien, mais nous avons de moins en moins d’attaches et finalement, c’est en France que l’on se sent chez nous », confie M me Karsavuran, l’épouse du président de l’association. « Cependant, il est important pour nous de préserver notre culture, nos coutumes et nos traditions. »
Une culture riche et variée
La langue, la cuisine ou encore la religion sont autant de composants qui permettent de découvrir une culture. Les Turcs peuvent aujourd’hui se vanter d’avoir une des meilleures cuisines au monde, classée dans les dix premières positions. « Nous cuisinons beaucoup avec la feuille de vigne, nous faisons aussi de la moussaka, des aubergines. Nous utilisons beaucoup de légumes », explique M me Karsavuran. « Cette grande diversité dans la cuisine est aussi due à la position géographique de la Turquie, au carrefour de l’Europe, de l’Asie et du Moyen-Orient. Cela apporte une certaine richesse au niveau des saveurs », précise Mehmet Akkus.
Du point de vue de la langue, contrairement à la cuisine, peu de diversité puisqu’il n’existe qu’une langue officielle et très peu de dialectes. « Le turc est couramment parlé par les plus anciens, mais au fil des générations c’est plus compliqué pour le transmettre. Les jeunes parlent français entre eux et ne voient plus trop l’utilité d’apprendre le turc. Mais nous avons tous la télévision turque, et elle reste un excellent vecteur pour continuer de l’entretenir. »
Un lieu de partage et d’échanges
Association. L’Association culturelle turque est née en 1973 mais sa création officielle date de 1986. Le bâtiment qui l’abrite se situe rue du Docteur-Roux, on y trouve un jardin, des salles de prière, un espace cuisine et un autre pour se purifier. Elle est présidée par Mustafa Karsavuran et Mehmet Akkus. Un imam et un instituteur turc ont été mandatés dans le cadre d’accords bilatéraux entre la France et la Turquie. L’association organise de nombreux événements : kermesse, football, voyages. Aujourd’hui, elle souhaite s’agrandir pour pouvoir accueillir toute la communauté.
Fêtes traditionnelles
La fête des enfants turcs
Célebrée le 23 avril, elle est aussi l’occasion de fêter la souveraineté nationale. Atatürk avait proposé que ce jour-là, les enfants prennent le pouvoir.
Kurban Bayrami
C’est la fête du sacrifice (date mobile en fonction de l’année). Elle a lieu soixante-dix jours après le Ramadan. On sacrifie généralement un mouton.
Seker Bayrami
La fête du sucre (date mobile en fonction de l’année). C’est la célébration de la fin du Ramadan. On échange des vœux et des friandises.
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