France et Turquie s’engagent à mieux collaborer dans la lutte contre les jihadistes 26 septembre 2014
Posted by Acturca in France, Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.Tags: État islamique en Irak et au Levant (EIIL), Syrie
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Agence France Presse (AFP) 26 septembre 2014
Burak Akinci
Les ministres turc et français de l’Intérieur se sont promis vendredi de mieux coopérer dans la lutte contre les filières jihadistes qui traversent la Turquie, après le cafouillage diplomatico-policier qui a accompagné cette semaine le retour de trois Français.
A l’issue de leur entretien, le Français Bernard Cazeneuve a annoncé qu’un « nouveau dispositif » fondé sur « un échange constant d’informations » avait été établi afin d’éviter la répétition de ce type de « couac », qui a suscité un vif embarras à Paris et illustre les difficultés de la collaboration franco-turque en la matière.
« Nous allons faire en sorte que les mécanismes de coopération entre nos deux pays puissent fonctionner avec le minimum d’erreurs possible », a confirmé le Turc Efkan Ala.
Mardi, trois Français pourtant soupçonnés d’être des jihadistes ont pu rentrer de Turquie en France en trompant la vigilance de la police.
Après un séjour de plusieurs mois en Syrie, ces trois hommes ont été arrêtés fin août à leur retour en Turquie et placés en centre de rétention administrative pour « séjour illégal » sur le sol turc. Expulsés, ils devaient initialement prendre un vol pour Paris, où les attendait la police française, mais ont finalement rallié Marseille (sud) sans que les autorités turques prennent la peine de prévenir la France.
Les trois hommes se sont finalement livrés à la police le lendemain et se trouvaient toujours vendredi en garde à vue.
Entre autres mesures, M. Cazeneuve a précisé que le préavis donné à la France avant l’expulsion d’un jihadiste présumé serait désormais « plus long ». « Cela permettra également aux policiers français d’être en zone d’embarquement au moment où ils (les suspects) partiront », a-t-il ajouté.
Selon lui, la Turquie s’est également engagée à communiquer à la France la liste de ses ressortissants détenus en centre de rétention, ce qui n’était pas le cas.
« Notre coopération (franco-turque) est forte, elle a conduit à l’expulsion en France de 40 ressortissants français », a-t-il insisté.
M. Cazeneuve a souligné l’importance de la lutte contre les jihadistes du groupe de l’Etat islamique (EI) en affirmant que la « menace terroriste » qu’ils font peser sur la France était « réelle chaque jour ». « Oui, il y a un risque et il faut y faire face ».
Même si le ministre de l’Intérieur s’est défendu vendredi d’être venu en Turquie pour « demander des comptes, pour accuser », le gouvernement français a largement imputé la responsabilité du cafouillage de mardi à Ankara.
Le président François Hollande avait déploré des « manquements » et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a regretté « un gros cafouillage (…) en grande partie dû aux difficultés, à l’absence de très bonne collaboration avec les services turcs ».
M. Cazeneuve a une nouvelle fois mis hors de cause vendredi les services français, assurant qu’ils avaient « fait rigoureusement le travail qui leur incombait ».
Depuis de longs mois, les autorités européennes dénoncent le manque d’empressement de la Turquie à enrayer le flot des candidats au jihad, notamment européens, qui traversent son territoire pour rejoindre le groupe de l’Etat islamique (EI) en Syrie.
La Turquie a longtemps été accusée d’avoir soutenu et même armé les mouvements les plus radicaux qui luttent contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, ce qu’elle a toujours farouchement nié.
Sous la pression de leurs alliés occidentaux notamment, les autorités d’Ankara ont récemment augmenté leurs mesures de contrôle aux frontières et procédé à quelques interpellations, très médiatisées, de jihadistes présumés.
Ces efforts sont toutefois jugés en coulisse nettement insuffisants par les Occidentaux.
« La Turquie lutte avec persistance contre les combattants jhihadistes et les refoule à sa frontière », s’est défendu M. Ala, affirmant que son pays avait interdit l’entrée de son territoire à 6.620 personnes et en avait expulsées 1.013 autres.
Comme le président Recep Tayyip Erdogan avant lui, le ministre turc a renvoyé la balle aux pays d’origine des suspects. « Nous attendons que ces pays les signalent à la Turquie et empêcher qu’ils quittent leur territoire », a-t-il dit.
Ankara s’est jusque-là refusée à intégrer la coalition militaire réunie par les Etats-Unis contre l’EI mais a récemment changé de discours et laissé entendre qu’elle pourrait la rejoindre prochainement.
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