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La Turquie au bord de l’enfer kurde 16 octobre 2014

Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
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Tribune de Genève (Suisse) jeudi 16 octobre 2014, p. 1 & 9
L’éditorial

Andrés Allemand

Entre la peste et le choléra, le président turc ne sait que choisir. D’un côté, Recep Tayyip Erdogan fait tout son possible pour éviter d’intervenir militairement en Syrie, ce terrain miné où personne ne veut envoyer de troupes. Ses soldats observent sans broncher les Kurdes de la ville de Kobané, à 200 mètres de la frontière, mener une lutte désespérée face aux djihadistes du groupe Etat islamique (Daech). Aider les peshmergas kurdes, ce serait combattre aux côtés d’une milice issue du PKK classé «terroriste» en Turquie, mais aussi à Washington et Bruxelles. Ce serait peut-être aussi contribuer à pérenniser l’autonomie naissante d’un Kurdistan syrien. Bref, la peste, vu d’Ankara.

Mais l’alternative, c’est le choléra. Le PKK avait prévenu que si Ankara ne faisait rien avant hier soir pour tenter de sauver Kobané, ce serait la fin des pourparlers de paix entamés il y a deux ans. Et du cessez-le-feu décrété l’an dernier. Déjà, des combattants auraient quitté leurs bases arrière situées sur les monts Qandil, dans le Kurdistan autonome d’Irak. C’est le branle-bas de combat au sein de la guérilla et parmi ses relais politiques. Comment jouer les prochains coups? Seront-ils militaires? Cette guerre-là a déjà fait 40 000 morts depuis 1984. La Turquie est encore en convalescence, veut-elle vraiment prendre le risque d’une rechute?

Au fond, personne n’y a intérêt. Pas même les Kurdes, qui n’ont vraiment pas besoin d’ouvrir un nouveau front alors qu’ils tentent de stopper les invasions barbares de Daech en Syrie et en Irak. Mais les leaders ont-ils encore le choix? Les jeunes Kurdes de Turquie en ont plus qu’assez d’attendre les avancées censées accompagner les pourparlers entre Ankara et Abdullah Öcalan, leur leader historique emprisonné sur une île en mer de Marmara. Ils ont largement participé aux émeutes la semaine passée. La tragédie de Kobané, c’est leur miroir.

p. 9

Le conflit kurde menace d’exploser en Turquie

Le PKK a averti que le cessez-le-feu serait rompu si Ankara ne portait pas secours aux Kurdes de Kobané

L’ultimatum a expiré cette nuit. Emprisonné sur l’île d’Imrali, le leader kurde Abdullah Öcalan avait en effet prévenu les autorités turques que le processus de paix volerait en éclats si Ankara ne faisait rien, avant mercredi soir,pour sauver les Kurdes de Kobané,la ville syrienne assiégée depuis un mois par les djihadistes du groupe Etat islamique (Daech). Bref, les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) menacent de reprendre les hostilités qui ont fait 40 000 morts en trente ans!

Coup de bluff d’un vieux leader coupé de sa base? Pas vraiment, si l’on en croit Samil Altan du HDP, le principal parti prokurde représenté à Ankara. «C’est la ligne rouge. Si Kobané tombe, ce sera un désastre pour le mouvement kurde mais aussi et surtout pour la Turquie», confie-t-il sur France 24. De violentes manifestations ont secoué le pays la semaine dernière, faisant plus de 34 morts (dont deux policiers) et des centaines de blessés. Preuve que la situation est explosive: l’aviation a bombardé lundi des positions du PKK, dont les forces auraient attaqué un poste de police à Daglica. Et des hélicoptères d’assaut ont ouvert le feu contre d’autres peshmergas après des affrontements près de Geyiksuyu.

«Erdogan assassin!»

Vue d’Ankara, la situation paraîtabsurde. On exige de l’armée turque qu’elle aille combattre en Syrie – où personne n’ose envoyer de troupes – aux côtés des Unités de protection du peuple (YPG), milice kurde considérée comme la branche locale du PKK, classée «terroriste» par les autorités turques mais aussi par Washingtonet Bruxelles.

«Erdogan assassin!» scandaient pourtant des centaines de Kurdes assistant mardi, dans la ville turque de Suruc, aux funérailles de quatre combattantes tombées à Kobané. Ils accusent en effet le président turc d’avoir longtemps fermé l’oeil sur l’entrée des djihadistes en Syrie mais d’empêcher aujourd’hui toute aide de parvenir aux combattants défendant Kobané.

Ainsi, le gouvernement autonome du Kurdistan d’Irak a déclaré avoir expédié une aide militaire que la Turquie aurait refusé de laisser passer sur son territoire. Et à Kobané, une centaine de combattants kurdes ont entamé une grève de la faim pour protester contre la détention en Turquie de 160 de leurs camarades qui avaient franchi la frontière pour se faire soigner. De manière plus générale, l’armée turque fait tout pour empêcher des Kurdes d’aller prêter main-forte à Kobané, qui se situe à seulement 200 mètres de la frontière.

L’agonie du Rojava syrien

Bref, même si la Turquie a accueilli quelque 200 000 Kurdes de Syrie et bien qu’Erdogan affirme faire «tout le possible» pour éviter la chute de Kobané, appelant la coalition internationale à lancer une opération terrestre, on le suspecte de se réjouir secrètement de l’agonie du projet de Kurdistan autonome en Syrie. Appelé «Rojava», ce territoire est constitué de trois enclaves collées à la frontière turque. La chute de Kobané, au centre, empêcherait de réaliser à terme une continuité territoriale et un mini-Etat kurde.

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