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Pourquoi les Turcs ont évacué un mausolée ottoman en Syrie 23 février 2015

Posted by Acturca in History / Histoire, Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
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Le Temps (Suisse) lundi  23 février 2015, p. 4

Marc Semo

Décryptage. Ankara a lancé une vaste opération militaire pour déplacer un tombeau ottoman. Damas dénonce une «agression».

Dans la nuit de samedi à dimanche, l’armée turque a mené une opération terrestre en Syrie, à 37 kilomètres de sa frontière, avec quelque 500 hommes et 39 chars pour évacuer 38 militaires gardant le tombeau de Souleimane Shah. Damas dénonce «une agression flagrante».

Qu’est-ce que ce tombeau?

Construit près de l’Euphrate, le «turbe» (tombeau en turc) de Souleimane Shah, grand-père d’Osman 1er, fondateur de la dynastie ottomane en 1299, était une enclave turque en territoire syrien depuis 1921 et les accords passés alors avec Damas sous mandat français. Depuis, le site a toujours été gardé par des militaires turcs, qui y sont restés depuis le début de la guerre civile, ravitaillés selon les moments par hélicoptère ou par la route. L’armée a évacué ses hommes ainsi que la dépouille de l’ancêtre ottoman qui – «provisoirement» – sera inhumé toujours en territoire syrien mais à 200 mètres de la frontière, à Esmesi, près de Kobané dans une zone sous contrôle des combattants kurdes.

Pourquoi cette opération?

«Un pays qui ne se préoccupe pas de son passé ne peut construire son avenir», a affirmé le premier ministre, Ahmet Davutoglu, toujours très féru d’histoire ottomane. L’opposition, la gauche comme les nationalistes, dénonce «une retraite». Le maintien de la présence turque autour du tombeau dans une zone mise en coupe réglée par l’Etat islamique (EI) depuis plus d’un an, devenait de plus en plus problématique. «Le gouvernement islamo-conservateur de l’AKP a voulu éviter tout risque avant les élections du 7 juin, car les probabilités d’une attaque des djihadistes augmentaient, montrant à l’opinion le fiasco de la politique suivie en Syrie», explique Kadri Gursel, éditorialiste du quotidien libéral Milliyet. D’abord très coopératif avec le régime de Bachar el-Assad, le leader turc Recep Tayyip Erdogan s’était dès juin 2011 engagé à fond dans le soutien à la rébellion, exigeant le départ de l’homme fort de Damas. Ankara laissa passer volontaires et armes pour l’Armée syrienne libre mais aussi pour les groupes les plus radicaux, dont l’Etat islamique.

Un changement de la politique?

Ankara ne soutient que du bout des lèvres la coalition internationale contre l’EI et n’a pas permis aux avions américains d’utiliser les bases de l’OTAN sur son territoire pour mener les frappes. Le gouvernement turc ne s’engagera pas plus, à la fois pour des raisons idéologiques et surtout parce qu’il sait le pays très vulnérable à des attentats de l’EI. Un récent rapport du MIT, les services secrets turcs, publié par le quotidien Hurriyet, évaluait à au moins 3000 le nombre des djihadistes turcs combattant en Syrie de l’autre côté d’une frontière longue de plus de 800 kilomètres et difficilement contrôlable.

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