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L’extrémiste Siderov provoque un  » 21 avril  » bulgare 23 octobre 2006

Posted by Acturca in EU / UE, South East Europe / Europe du Sud-Est, Turkey / Turquie.
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Le Monde (France),  mardi 24 octobre 2006, p. 8

Anne Rodier

Le leader extrémiste bulgare Volen Nikolov Siderov a réussi son pari, dimanche 22 octobre, en provoquant un  » 21 avril  » bulgare. Avec 21,5 % des voix, il est largement battu par l’actuel chef de l’Etat socialiste Gueorgui Parvanov, qui obtient 64 % des voix à l’élection présidentielle. Mais la participation (42,51 %) ayant été inférieure à 50 %, un second tour doit avoir lieu, le 29 octobre.

A deux mois de son entrée dans l’Union européenne (UE) au 1er janvier 2007, la Bulgarie se serait bien passée de ce succès du parti Ataka, une formation populiste, xénophobe, antisémite et anti-européenne.  » Le populisme a toujours été un piège pour les nations « , commentait, dimanche, le premier ministre socialiste, Sergueï Stanichev, en glissant son bulletin dans l’urne.

Figure médiatique très efficace, le journaliste Volen Siderov (50 ans), ancien rédacteur en chef du premier quotidien anti-communiste de Bulgarie (Demokracija), a créé la coalition nationaliste radicale Ataka deux mois avant les élections législatives de 2005.

Ataka est alors devenue la quatrième force politique du pays avec 21 députés sur 240. Une scission au sein de sa formation a réduit depuis sa représentation à l’Assemblée nationale à 12 députés, mais il a maintenu sa présence au Parlement européen, où l’observateur Dimitar Stoianov s’est fait remarqué, fin septembre, en agressant verbalement une députée hongroise d’origine rom.

 » Faire du savon  » avec les roms

Ataka, qui semble avoir profité de la faible mobilisation des électeurs, a fait campagne sur une plateforme en vingt points qui fustige toutes les tutelles (FMI, OTAN, Bruxelles, le gouvernement et le président socialistes), rendues responsables de tous les maux (corruption, baisse du pouvoir d’achat,  » désintégration  » des valeurs nationales pour l’intégration à l’UE, etc..).

Il rassemble les laissés-pour-compte de la transition à l’économie de marché et a rallié d’anciens cadres de l’ex-régime communiste, notamment ceux de la Sûreté d’Etat, marginalisés depuis 1989, ou ceux des anciens ministères de l’intérieur ou de la défense déçus par le ralliement du Parti socialiste bulgare à l’OTAN.

 » Défenseur de la pureté de l’Etat et de la nation bulgares, des valeurs de l’Eglise orthodoxe et de l’identité slave « , comme le définit Corinne Deloy, de la fondation Robert Schumann, Volen Siderov fédère les extrêmes de gauche et de droite sur le thème  » la Bulgarie aux Bulgares « .  » Nous sommes pour un Etat bulgare mononational, ne permettant pas une division en signes religieux, ethniques ou culturels « , déclarait ainsi Ataka en juin 2005, faisant implicitement référence au parti de la minorité turque, Mouvement des droits et libertés.

Volen Siderov s’en prend avec une violence particulière aux minorités rom et turque, qui représentent 18 % d’une population de 7,8 millions d’habitants. Il propose ainsi de  » faire du savon  » avec les Roms et d’interdire le parti de la minorité turque, le Mouvement des droits et libertés (DPS). Il projette même d' » interdire d’antenne publique les émissions en langue turque « .

Bien que son image soit assez mauvaise dans la population et au sein du Parti socialiste, le DPS a su s’imposer au fil des ans comme un partenaire incontournable de la vie politique bulgare. Il soutient Gueorgui Parvanov pour cette élection présidentielle. Dimanche, un millier de Bulgares d’origine turque résidant en Turquie sont ainsi venus en autobus pour voter, selon la radio nationale.

 » La défiance envers la minorité turque n’est pas nouvelle en Bulgarie, explique Nadège Ragaru, du CNRS, c’est contre le « joug turc » que la construction nationale s’est opérée à partir des années 1870 « . Et ce sentiment perdure : en 2005, 69 % des Bulgares jugeaient que les  » Turcs détiennent trop de positions de leadership  » en Bulgarie, selon une enquête du Bulgarian Helsinki Committee. Les Turcs ne représentent que 9 % de la population, mais pour les Bulgares, ils incarnent cinq siècles de domination ottomane (1396-1878). En outre, le recul démographique entretient la peur d’un pays qui serait  » rongé  » par les  » minorités fécondes « .

Ataka s’est donc posé à  » l’avant garde de la lutte contre le rôle néfaste  » du DPS qu’elle accuse de  » dominer le pays  » en usant de pratiques clientélistes. Le DPS détient trois portefeuilles au sein du gouvernement de coalition. Dans ce contexte, une éventuelle pause dans la poursuite de l’élargissement de l’UE concernant la Turquie semble plutôt bien accueillie à Sofia.

Les Bulgares, majoritairement pro-européens, soutiennent, en revanche, fermement l’élargissement aux autres pays balkaniques. Les extrémistes d’Ataka ne remettent pas en question l’entrée de la Bulgarie dans l’UE, mais Volen Siderov veut renégocier avec Bruxelles pour sauvegarder les intérêts nationaux.

La plate-forme d’Ataka en vingt points

, la coalition extrémiste Ataka de Volen Siderov expose son programme. En voici des extraits :

 » Changer le gouvernement  » ;

 » Interdire le parti turc DPS  » ;

 » Interdire les émissions en langue turque sur la télévision publique  » ;

 » Sortir de l’OTAN – la Bulgarie a rejoint l’Organisation atlantique en avril 2004 – . Interdire toute base militaire étrangère sur le territoire bulgare  » ;

 » Réviser les accords avec l’Union européenne  » ;

 » Rouvrir les réacteurs nucléaires 3 et 4 de la centrale de Kozlodui – fermés à la demande de l’UE –  » ;

 » Accorder une préférence aux entrepreneurs bulgares sur leurs concurrents étrangers « .

Commentaires»

1. Jeanne GAMONET - 4 novembre 2006

Nous devons nous opposer par tous les moyens à l’entrée de la Bulgarie dans l’Europe tant que ce criminel (l’incitation publique à un génocide est un CRIME imprescriptible, or les propos « faire du savon avec les Rroms » ont été tenus lors d’un meeting électoral) n’aura pas été mis en prison par le gouvernement bulgare.


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