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Une réforme de l’éducation divise la Turquie 29 mars 2012

Posted by Acturca in Religion, Turkey / Turquie.
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Le Figaro (France) no. 21044, jeudi 29 mars 2012, p. 12

Laure Marchand, Istanbul

Le texte favorise l’orientation précoce des filles vers les établissements qui forment les imams.

Turquie 4 + 4 + 4 : l’addition est enfantine mais elle ravive les divisions entre les islamo-conservateurs au pouvoir et l’opposition qui les accuse de saborder les principes laïques. Ce calcul est le nom donné à une réforme de l’éducation concoctée par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan actuellement en débat au Parlement. Elle prévoit de faire passer la durée de l’éducation obligatoire de huit à douze années, divisées en trois tronçons de quatre ans. La polémique porte sur l’orientation dès l’âge de 11 ans dans les écoles professionnelles – une catégorie dont font partie les imams hatips. Ces établissements destinés à former des imams sont notamment plébiscités par des familles pieuses qui voient d’un mauvais oeil la scolarisation de leur fille dans des filières générales.

« Former une jeunesse pieuse »

La nécessité de réformer le système éducatif, médiocre, fait l’unanimité. Près de six jeunes sur dix n’achèvent pas leurs études secondaires, ce qui fait de la Turquie le cancre des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Mais la quantité ne suffit pas à garantir la qualité, préviennent les spécialistes, particulièrement inquiets d’une orientation aussi précoce dans les écoles professionnelles. « Elle affecte négativement la qualité de l’éducation, insiste le centre d’études sociales de l’université Koç. L’inégalité pour les filles commencera plus tôt et sera plus forte. »

Les imams hatips, fréquentés par 300 000 élèves, soit 2 % de la population scolaire, sont dans le collimateur de l’establishment kémaliste depuis les années 1990. En 1997, dans la foulée d’un coup d’État contre le premier ministre islamiste Necmettin Erbakan, les militaires avaient fait passer l’âge d’admission de 11 à 15 ans, afin de limiter leur influence. La loi préparée par le Parti de la justice et du développement rétablit donc la situation antérieure. Le 28 février, jour de l’anniversaire de l’intervention de l’armée, Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs déclaré que ses auteurs avaient « grandement porté préjudice aux étudiants turcs en les empêchant de recevoir une éducation religieuse ». Diplômé d’un imam hatip, comme presque 40 % de ses ministres, le chef du gouvernement a également déclenché un tollé en disant vouloir « former une jeunesse pieuse ».

Pour le Parti républicain du peuple (CHP), le parti fondé par Mustafa Kemal, le père de la République turque, ces déclarations sont la preuve des intentions islamiques dissimulées de M. Erdogan. Le principal parti de l’opposition a rassemblé, mardi, à Ankara, des milliers de personnes hostiles à la loi. L’hostilité entre les deux camps est telle que des députés de l’AKP et du CHP en sont venus aux mains dans les couloirs de l’Assemblée.

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