Une délégation turque sur la tombe de Pierre Loti 14 juin 2010
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Sud Ouest (France), 14 juin 2010, p. 30
Agnès Lanoëlle
C’est une simple pierre tombale au fond d’un jardin fleuri. Selon ses volontés, l’écrivain-voyageur Pierre Loti repose ici, dans la maison des Aïeules, comme il l’avait baptisée, à Saint-Pierre-d’Oléron, seul et loin de tout. Sa tombe n’indique ni de date de naissance ni de métier, encore moins d’épitaphe. Il n’y a aucun signe religieux ni d’ornements. Pour quoi faire ? Dans son testament, l’auteur rochefortais de « Pêcheurs d’Islande » et de « Ramuntcho » avait bien précisé qu’on lui fiche la paix après sa mort. À partir de ce jour, le 10 juin 1923, aucun cérémonial, aucune visite n’a été permis. Jusqu’à jeudi dernier.
Invitée à participer à la Foire-exposition de Saint-Pierre, une délégation de personnalités turques dont le maire d’Eyüp, district d’Istanbul où Loti séjourna à plusieurs reprises, a été exceptionnellement autorisée à se rendre sur la tombe de l’écrivain. Un événement rarissime.
Rares privilégiés
Dans le sillage des Turcs, une poignée d’invités et de spécialistes de l’auteur. Au total, une trentaine de personnes qui, pour la plupart, découvrent pour la première fois la maison des Aïeules, cachée derrière de hauts murs en pierre. Les photos ne sont pas autorisées. Les rares privilégiés avancent sur la pointe des pieds, en parlant à voix basse. Ils admirent la belle propriété rachetée par Pierre Loti en 1899 à « des mains étrangères », écrit-il. Enfant, il venait sur l’île. Puis sa mère, sa sœur, sa tante, sa grand-tante ont un temps occupé la maison avant de s’en séparer. Il y a séjourné de temps en temps, sans vraiment l’habiter. Du perron de la maison aux volets verts, Jean Duvigneau, arrière-petit-neveu de Loti, veille au grain. C’est le maître des lieux et le gardien du temple. C’est lui qui a donné le feu vert pour ouvrir les portes de la demeure.
Enfin, du jardin seulement. Ce jour-là, c’est aussi le 160e anniversaire de la naissance de Loti. La journée est belle.
Personne n’a le sentiment de faire offense à celui qui avait demandé à être enterré sans cercueil. Ce qui ne lui fut pas accordé.
Que penserait-il de tout ce ramdam ? « C’est un bel hommage », souffle un invité. Alain Quella-Villéger, grand spécialiste de l’écrivain, savoure le moment.
« Aujourd’hui, les Turcs continuent d’adorer Loti, ils lui rendent régulièrement hommage, le traduisent. Ce qui arrive aujourd’hui est une bonne chose. Loti a lui même beaucoup défendu les Turcs. Je suis pour tout ce qui rapproche les peuples. Loti a été un citoyen du monde et il mérite d’être redécouvert », explique-t-il.
Depuis cette année, Jean Duvigneau, en partenariat avec l’Office de tourisme consent à l’occasion à raconter l’histoire de la maison des Aïeules à quelques visiteurs.
Ils apprendront qu’ici vécut en 1677 un certain Samuel Renaudin, notaire et riche commerçant. Que la maison devint plus tard une école pour filles. Ils apercevront un nichoir dans le volet qui servait aux pigeons voyageurs, devineront le grenier à sel ou encore le chai à vin rouge.
Et repartiront sans faire de bruit. Selon les volontés de Pierre Loti.
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