La France et la Turquie s’accordent sur le dossier syrien 21 novembre 2011
Posted by Acturca in France, Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.Tags: Ahmet Davutoglu, Alain Juppé, diplomatie, France, Syrie, Turkey / Turquie
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Le Monde (France) lundi 21 novembre 2011, p. 4 Türkçe
Guillaume Perrier, Istanbul Correspondance
L’ultimatum adressé par la Ligue arabe au régime du président Bachar Al-Assad expirait samedi
La France et la Turquie ont dénoncé d’une même voix, vendredi 18 novembre, la répression des manifestations en Syrie – qui ont fait au moins 12 nouvelles victimes à travers le pays – et font le voeu de sanctions accrues contre le régime de Bachar Al-Assad. Après s’être trouvés en concurrence sur la Libye, les deux pays s’offrent, avec le dossier syrien, l’occasion de tester leur capacité à coopérer sur un autre point chaud régional. Paris et Ankara ont souhaité tous deux le renforcement des sanctions et en appellent au conseil de sécurité de l’ONU.
En visite officielle à Ankara, le ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé que « le moment est venu d’unir nos efforts pour accentuer les sanctions contre Damas. La situation n’est pas tenable », a-t-il déclaré au côté de son homologue turc, Ahmet Davutoglu. Le ministre français a qualifié de « tournant » la position prise mercredi au sommet de la Ligue arabe, même s’il s’est montré peu optimiste sur un éventuel effet de l’ultimatum lancé le même jour à Rabat, qui donnait soixante-douze heures au régime syrien pour cesser les violences.
Aux sanctions déjà en vigueur, gel des avoirs à l’étranger des personnalités liées au régime syrien, suspension des investissements, pourraient s’ajouter de nouvelles mesures. « Nous continuons à travailler sur les sanctions », déclarait M. Juppé vendredi. Les sanctions énergétiques « peuvent en faire partie, mais la France n’est pas favorable à des mesures unilatérales », a-t-il poursuivi.
La Turquie a notamment envisagé de réduire ses exportations d’électricité vers la Syrie. Ankara contrôle aussi les vannes du fleuve Euphrate. Plusieurs pays européens et arabes s’apprêtent à déposer un projet de résolution à l’ONU pour sanctionner plus sévèrement Damas, la seule voie possible, selon M. Juppé, malgré la position de blocage de la Russie et de la Chine.
La France et la Turquie ont également exprimé leurs craintes de voir éclater une véritable guerre civile et confessionnelle sur le territoire syrien. Ces derniers jours, l’Armée libre syrienne, composée d’officiers déserteurs des forces régulières et dont le chef présumé, le colonel Riad Al-Asaad, est réfugié en Turquie, a mené plusieurs attaques armées sur le territoire syrien, dont la plus importante, mercredi 16 novembre, contre les services de renseignement de l’armée de l’air, près de Damas.
Ces actions violentes ont été condamnées par les Etats-Unis, qui y voient une dangereuse évolution. Pour le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valéro, elles sont d’abord la conséquence « de l’obstination aveugle et barbare de Bachar Al-Assad à réprimer son peuple depuis des mois ». « Nous soutenons la ligne de l’opposition syrienne pour qu’elle continue de se battre pacifiquement, comme elle le fait depuis des mois », a déclaré Alain Juppé, vendredi.
Les contacts entrepris avec des opposants du Conseil national syrien (CNS) à Paris vont se poursuivre. Ankara souhaiterait notamment que la France tente de convaincre la communauté chrétienne syrienne de cesser de soutenir le pouvoir.
Le durcissement du rapport de force et l’inflexibilité de Damas ont soulevé la question d’une intervention armée étrangère sur le sol syrien à laquelle les opposants syriens étaient initialement hostiles. « Toutes les options sont sur la table », estime un diplomate turc.
Ankara examine la possibilité d’instaurer une zone tampon dans le nord de la Syrie, pour prévenir un afflux de réfugiés. L’un des chefs de la confrérie des Frères musulmans, Riad Shafka, de passage à Istanbul jeudi, s’est prononcé en faveur d’une implication turque dans une éventuelle opération : « Le peuple syrien acceptera une intervention venant de Turquie, plutôt que de l’Occident, s’il s’agit de protéger les civils. »
Pour Hüseyin Bagci, professeur de relations internationales à l’université technique du Moyen-Orient (ODTU) d’Ankara, une décision de la Turquie d’intervenir seule serait « une lourde erreur ». « Rien ne doit se faire en dehors du cadre des Nations unies », a martelé, vendredi, M. Juppé.
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