Un voisin en état d’alerte 13 juin 2014
Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.Tags: Etat islamique en Irak et au Levant, Irak, Mous, Nuri al-Maliki
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Le Soir (Belgique) vendredi 13 juin 2014, p. Brabant Wallon-13
Anne Andlauer, Istanbul de notre correspondante
Même si elles se défendent d’avoir été prises par surprise, affirmant se tenir «en état d’alerte» depuis plusieurs jours, l’enlèvement cette semaine à Mossoul de 80 citoyens turcs par l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) confronte de manière brutale les autorités d’Ankara à la menace djihadiste qui s’étend à leurs frontières. Jeudi après-midi, la plus grande confusion régnait sur le sort des 31 chauffeurs de camion et des 49 occupants du consulat de Turquie à Mossoul, dont le consul général lui-même, tombés mardi et mercredi aux mains du groupe islamiste armé. Le quotidien Yeni Safak, proche du gouvernement, affirmait que les otages du consulat seraient très vite de retour, mais, jeudi soir, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a refusé de commenter ces allégations. «Nos contacts continuent (…) Dès que nous aurons des nouvelles – de bonnes nouvelles, je l’espère – nous les partagerons», a déclaré le ministre, confirmant seulement que les otages étaient «en bonne santé et dans un endroit plus sûr» que la veille.
Depuis mardi, les responsables politiques et militaires turcs multiplient les réunions de crise pour récupérer leurs compatriotes. «Toutes les options sont sur la table», répète-t-on à Ankara, y compris l’usage de la force. «Autant que je sache, il n’y a pas de travail en cours sur une motion parlementaire» autorisant une intervention militaire, a toutefois déclaré le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, avant de reconnaître que cette possibilité n’était pas écartée.
Tout autant que la crise des otages, la progression des combattants de l’EIIL dans le nord de l’Irak alarme la Turquie. Elle l’alarme d’autant plus qu’Ankara «a toujours eu un oeil sur Mossoul, regrettant que cette province, qui regorge de pétrole, lui ait échappé en 1926, à l’issue des derniers règlements postérieurs à la Première Guerre mondiale et à la Guerre d’indépendance», rappelle Jean Marcou, directeur des Relations internationales à l’Institut d’études politiques de Grenoble. «Certes, la Turquie n’a pas de revendication territoriale, mais si l’Irak venait à imploser, il est probable qu’elle serait tentée d’invoquer des droits sur Mossoul où réside une importante communauté turkmène qui a été la cible d’agressions au cours des dernières semaines», poursuit le chercheur.
De lourds reproches à Maliki...
Pour éviter un tel scénario, Ankara intensifie ses échanges avec le gouvernement central à Bagdad, en dépit des nombreuses querelles qui ont éloigné les deux capitales ces dernières années. La Turquie reproche au Premier ministre Nouri al-Maliki son sectarisme pro-chiite et le tient pour responsable du chaos qui menace l’Irak. Bülent Arinç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement, a dénoncé mercredi les «politiques erronées» de l’exécutif irakien, «qui ont laissé Mossoul sans défense».
Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, s’est néanmoins entretenu par téléphone jeudi avec son homologue irakien, Hoshyar Zebari, qui aurait confirmé que le gouvernement de Bagdad était désormais prêt à coopérer avec les Kurdes d’Irak pour repousser les djihadistes. Cette coopération forcée – Bagdad est en conflit ouvert avec la région autonome du Kurdistan sur la question du partage de la manne pétrolière-, plusieurs hauts dirigeants du parti au pouvoir en Turquie l’avaient appelée de leurs voeux ces derniers jours. Jeudi, les forces kurdes irakiennes annonçaient justement avoir pris le contrôle de la ville pétrolière de Kirkouk, à 250 km au nord de Bagdad, pour la protéger d’un possible assaut des insurgés de l’EIIL.
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